mercredi 19 novembre 2008

Deux

Oh mon amour
Que de chemin parcouru
Que d’obstacles franchis
Que d’embûches dépassées
Malgré tout, malgré nous
Malgré la vie
Tu es toujours là
Je suis encore ici
Est-ce nous ?
Sommes nous d’une autre trempe, d’un autre bois ?
Pour qu’après tout cela
Nous soyons toujours attendris
Encore unis
Après toutes ces années
Les enfants, la vie
Tant de couples désunis
Et nous toujours ici
Pourquoi nous et pas eux
Comment comprendre
Quelle en est l’explication
Dix fois au moins
Nous aurions pu nous séparer
Nous désunir, divorcer
Qui ne la pas voulu
La vie ou nous ?
Vingt ans de vie commune
Cinq ans de félicité
Quinze ans de galère
La vie ne nous a pas laissé le temps de souffler
Mais la faucheuse ne nous a pas séparé
Va comprendre, Charles
Quand tant d’autres trépassent
Continuerons nous ainsi jusqu’au bout
Quelle sera la fin
Qui en décidera, qui restera ?
Sans doute toi
Et puis, quand toi aussi tu partiras
Je serais encore là, là haut
Pour t’accueillir, te féliciter
Apaiser ta peur de l’inconnu
Jusqu’au bout
Jusqu’à la fin
Eternellement
Immortellement
Perpétuellement
Impérissablement dans l’infini…

15 novembre 2008

jeudi 3 janvier 2008

Mardi 1er janvier 2008, retenue de St Etienne-Cantales, 9 heures du matin.

J’arrive au débarcadère, Marc est déjà là.

« - Salut, meilleurs vœux et bonne santé. »
Il s’avance et me fait la bise.
« A toi aussi, mon ami. Bonne année, bonne santé et moins d’emmerdements que l’année dernière.
-Pour les ennuis, ça sera pas très difficile d’en avoir moins, j’ai été servi cette année. Bon, tu es prêt ?
-Oui, tu as pensé à prendre le pain ?
-Oui, j’ai même les croissants.
-OK, allez, on charge le bateau et on y va. »

Le nouveau sondeur (merci papa noël) en place, le sac avec le casse croûte à l’abri, quatre cannes chacun et le bateau est chargé.
Je me mets au moteur, Marc nous pousse vers le large et saute dedans, c’est parti !

« -Mes gamins m’ont offert un nouveau gilet flottant pour noël, tu veux l’ancien, Marc ?
-Non, avec le polaire et l’anorak par dessus, ça passera pas.
-Tu parles ! Dis plutôt que tu n’as pas envie de le mettre !
-Y a un peu de ça… Fais moi voir les nouveau spinnerbaits que tu as fait, que je sache lesquels je vais laisser au fond.
-Il sont miraculeux mes spinners, ils ne s’accrochent jamais !
-Ah, tu sais que, dans mes mains, rien ne résiste bien longtemps…
-Ouais, mais tu prends plus de poissons que moi… Enfin, quelquefois… »
Nos rires doivent s’entendre de loin sur le lac.

« -Punaise ! Il fait froid ce matin.
-Le thermomètre extérieur de la voiture me signalait – 3°.
-J’ai bien peur qu’on garde les gants et le bonnet tout le jour.
-On commence là, sur la pointe ?
-Oui, la dernière fois on a eu deux touches à la verticale. Qu’est ce qu’il dit ton nouveau sondeur ? Tu vois du poisson ?
-Non, pour l’instant je n’en ai pas vu beaucoup… Voilà, c’est là qu’on a eu les touches la semaine dernière, juste sur la cassure à 15 mètres de profondeur. Je mets un plomb sabot de 22 grammes et un shad « fire tiger », et toi ?
-Je vais « texaner » un peu pour commencer, je mets un Finn’s nacré avec une balle nickelée de 20 grammes pour bien gratter le fond. »

Nos deux leurres plongent en même temps et le silence se fait, laissant place à la concentration. Un pêcheur a tendu ses lignes un peu plus loin, à une centaine de mètres, au bord. Ses flotteurs dansent mollement dans la légère brise matinale. Soudain, nous le voyons courir vers sa canne la plus à droite ; en effet, nous ne voyons plus le bouchon, c’est un départ. Nous le regardons du coin de l’œil, il s’agirait pas de louper une touche pour le regarder. Il ferre puis mouline assez rapidement. C’est un brocheton. Il le décroche et le rejette sans ménagement.
« -Il pourrait le remettre à l’eau avec un peu plus de délicatesse…
-Tu as raison, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’est pas très attentionné…»

Une heure passe, seulement troublée par le bruissement des ailes des cormorans qui vont pêcher, eux aussi.

« -Z’ont pas besoin du permis, ces satanées bestioles.
-Non, s’il y en avait moins, ça serait mieux.
-Heureusement qu’ils sont un peu régulés, sinon on n’aurait plus rien ici.
-Ouais, ils en tuent pas assez. Qu’il y en ait, ça me gêne pas mais par moment, il y en a vraiment trop. »

Je vois Marc qui stoppe net ses élucubrations et PAF, ferrage !
« Ah, il y est ! »
Sa canne plie modérément.
« -Alors, qu’est ce c’est ?
Je pense à un petit sandre. »
En effet, au bout de quelques secondes, je le vois apparaître. Pas très gros mais c’est bien un sandre. Marc le saisit et me le présente.
« -Allez, la photo pour le premier de l’année ! »
Je sors ma bourriche à pixel, CLIC CLAC, c’est dans la boîte. Il le décroche et le fait glisser doucement à l’eau.
« -Tu l’as même pas mesuré, lui dis je.
-C’est vrai, j’ai oublié. Bof, il faisait peut être 50 ou 55cm.
-Oui, pas plus ; de toutes façons c’est moi qui prendrais le plus gros, lui dis je avec un sourire.
-Dans 10 ans, peut être… »

A mon tour, touche franche, ferrage immédiat. Le combat dure autant que l’autre… C’est le jumeau de celui de Marc…
Même poisson, même punition. Une photo et, à l’eau !

Nous insistons sur le même poste encore une bonne demi heure mais plus rien ne vient titiller nos leurres.
« Oh, tu as vu l’heure ? »
Je regarde mon téléphone, 12h26.
« Allez, à l’apéro ! »
Marc ouvre sa glacière et en sort une bouteille de champagne et deux verres.
« -On fête la nouvelle année ?
-Et comment ! Fais péter et sers moi, j’ai soif ! »
Le champagne, le saucisson puis le Juliénas accompagnant les andouillettes nous redonnent des couleurs. Nous rions, nous sommes bien, nous n’avons besoin de personne d’autre, juste deux copains qui partagent un casse croûte lors d’une partie de pêche, ça suffit.

Après une tasse de café encore bien au chaud dans le thermos, nous recommençons à pêcher, Nous nous plaçons, à l’aide du sondeur, au dessus d’un éboulis de gros blocs immergés qui nous a déjà rapporté de gros poissons.
Le soleil daigne enfin pointer le bout de son nez à travers une petite trouée dans les nuages ; il fait un peu meilleur.
« -Ne bouge pas, me dit Marc, je m’agenouille au bord du bateau pour pisser. »
Je me tourne face au soleil pour me réchauffer un peu.
Touche ! Je ferre ! PLOUF !
« -Marc ! » Je me tourne, il n’est plus là. Le poisson tire sur ma canne, il est gros.
« -Marc ! » Pas de réponse. Le poisson plie ma canne en deux.
« -Marc ! Où es tu ? Réponds, nom de Dieu !!! Je te vois pas !» Le poisson donne des coups de tête sourds, il essaie de sonder pour aller se plaquer au fond. Je vais à la place de Marc.
« -Merde, où est il ? » Je regarde tout autour du bateau, pas de Marc. Le poisson se décroche, tant mieux. Je quitte la canne, hébété.
« -Marc ! » Pas de réponse. Je commence à réaliser, les larmes me montent aux yeux.
Je m’assied, perdu, hagard, je ne comprends plus, il sait bien nager, pourtant…
Le pêcheur du bord, qui a assisté à la scène, me rejoint avec son bateau. Il tourne, cherche. Rien à faire, mon ami n’est plus là. Il appelle les pompiers.

Trois heures plus tard, un peu avant la tombée de la nuit, les plongeurs retrouvent son corps sans vie. Hydrocution, me dit le médecin ; dans une eau à 3°, rien d’étonnant…
Les gendarmes tentent de me rassurer en me disant que je ne risque pas de poursuites puisque j’avais le gilet et l’équipement nécessaire à bord. Il ne me reste plus qu’à pleurer cet ami et cet instant de bonheur trop fugace. Je le revois encore, refusant ce satané gilet…


Cette histoire est totalement fictive. Comme il est dit dans le générique de certains films, toute ressemblance avec des faits réels…

…Et pourtant, combien d’entre nous prennent un gilet flottant avant de monter dans le bateau ? Peu, sûrement ; trop peu. En hiver ou lorsque les conditions ne sont pas optimales (vent, eau froide,…), j’en mets un. Et vous ?…