tag:blogger.com,1999:blog-57504772132600264382024-02-19T00:03:48.476-08:00Un amoureux de la vie à la fois pêcheur et poêteJoss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.comBlogger47125tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-5661237495471954542008-11-19T04:41:00.000-08:002008-11-19T04:42:18.434-08:00DeuxOh mon amour<br />Que de chemin parcouru<br />Que d’obstacles franchis<br />Que d’embûches dépassées<br />Malgré tout, malgré nous<br />Malgré la vie<br />Tu es toujours là<br />Je suis encore ici<br /> Est-ce nous ?<br />Sommes nous d’une autre trempe, d’un autre bois ?<br />Pour qu’après tout cela<br />Nous soyons toujours attendris<br />Encore unis<br />Après toutes ces années<br />Les enfants, la vie<br />Tant de couples désunis<br />Et nous toujours ici<br />Pourquoi nous et pas eux<br />Comment comprendre<br />Quelle en est l’explication<br />Dix fois au moins<br />Nous aurions pu nous séparer<br />Nous désunir, divorcer<br />Qui ne la pas voulu<br />La vie ou nous ?<br />Vingt ans de vie commune<br />Cinq ans de félicité<br />Quinze ans de galère<br />La vie ne nous a pas laissé le temps de souffler<br />Mais la faucheuse ne nous a pas séparé<br />Va comprendre, Charles<br />Quand tant d’autres trépassent<br />Continuerons nous ainsi jusqu’au bout<br />Quelle sera la fin<br />Qui en décidera, qui restera ?<br />Sans doute toi<br />Et puis, quand toi aussi tu partiras<br />Je serais encore là, là haut<br />Pour t’accueillir, te féliciter<br />Apaiser ta peur de l’inconnu<br />Jusqu’au bout<br />Jusqu’à la fin<br />Eternellement<br />Immortellement<br />Perpétuellement<br />Impérissablement dans l’infini…<br /><br />15 novembre 2008Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-7369260165741719392008-01-03T08:00:00.000-08:002008-01-03T08:02:25.068-08:00Mardi 1er janvier 2008, retenue de St Etienne-Cantales, 9 heures du matin.<br /><br />J’arrive au débarcadère, Marc est déjà là.<br /><br />« - Salut, meilleurs vœux et bonne santé. »<br />Il s’avance et me fait la bise.<br />« A toi aussi, mon ami. Bonne année, bonne santé et moins d’emmerdements que l’année dernière.<br />-Pour les ennuis, ça sera pas très difficile d’en avoir moins, j’ai été servi cette année. Bon, tu es prêt ?<br />-Oui, tu as pensé à prendre le pain ?<br />-Oui, j’ai même les croissants.<br />-OK, allez, on charge le bateau et on y va. »<br /><br />Le nouveau sondeur (merci papa noël) en place, le sac avec le casse croûte à l’abri, quatre cannes chacun et le bateau est chargé.<br />Je me mets au moteur, Marc nous pousse vers le large et saute dedans, c’est parti !<br /><br />« -Mes gamins m’ont offert un nouveau gilet flottant pour noël, tu veux l’ancien, Marc ?<br />-Non, avec le polaire et l’anorak par dessus, ça passera pas.<br />-Tu parles ! Dis plutôt que tu n’as pas envie de le mettre !<br />-Y a un peu de ça… Fais moi voir les nouveau spinnerbaits que tu as fait, que je sache lesquels je vais laisser au fond.<br />-Il sont miraculeux mes spinners, ils ne s’accrochent jamais !<br />-Ah, tu sais que, dans mes mains, rien ne résiste bien longtemps…<br />-Ouais, mais tu prends plus de poissons que moi… Enfin, quelquefois… »<br />Nos rires doivent s’entendre de loin sur le lac.<br /><br />« -Punaise ! Il fait froid ce matin.<br />-Le thermomètre extérieur de la voiture me signalait – 3°.<br />-J’ai bien peur qu’on garde les gants et le bonnet tout le jour.<br />-On commence là, sur la pointe ?<br />-Oui, la dernière fois on a eu deux touches à la verticale. Qu’est ce qu’il dit ton nouveau sondeur ? Tu vois du poisson ?<br />-Non, pour l’instant je n’en ai pas vu beaucoup… Voilà, c’est là qu’on a eu les touches la semaine dernière, juste sur la cassure à 15 mètres de profondeur. Je mets un plomb sabot de 22 grammes et un shad « fire tiger », et toi ?<br />-Je vais « texaner » un peu pour commencer, je mets un Finn’s nacré avec une balle nickelée de 20 grammes pour bien gratter le fond. »<br /><br />Nos deux leurres plongent en même temps et le silence se fait, laissant place à la concentration. Un pêcheur a tendu ses lignes un peu plus loin, à une centaine de mètres, au bord. Ses flotteurs dansent mollement dans la légère brise matinale. Soudain, nous le voyons courir vers sa canne la plus à droite ; en effet, nous ne voyons plus le bouchon, c’est un départ. Nous le regardons du coin de l’œil, il s’agirait pas de louper une touche pour le regarder. Il ferre puis mouline assez rapidement. C’est un brocheton. Il le décroche et le rejette sans ménagement.<br />« -Il pourrait le remettre à l’eau avec un peu plus de délicatesse…<br />-Tu as raison, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il n’est pas très attentionné…»<br /><br />Une heure passe, seulement troublée par le bruissement des ailes des cormorans qui vont pêcher, eux aussi.<br /><br />« -Z’ont pas besoin du permis, ces satanées bestioles.<br />-Non, s’il y en avait moins, ça serait mieux.<br />-Heureusement qu’ils sont un peu régulés, sinon on n’aurait plus rien ici.<br />-Ouais, ils en tuent pas assez. Qu’il y en ait, ça me gêne pas mais par moment, il y en a vraiment trop. »<br /><br />Je vois Marc qui stoppe net ses élucubrations et PAF, ferrage !<br />« Ah, il y est ! »<br />Sa canne plie modérément.<br />« -Alors, qu’est ce c’est ?<br />Je pense à un petit sandre. »<br />En effet, au bout de quelques secondes, je le vois apparaître. Pas très gros mais c’est bien un sandre. Marc le saisit et me le présente.<br />« -Allez, la photo pour le premier de l’année ! »<br />Je sors ma bourriche à pixel, CLIC CLAC, c’est dans la boîte. Il le décroche et le fait glisser doucement à l’eau.<br />« -Tu l’as même pas mesuré, lui dis je.<br />-C’est vrai, j’ai oublié. Bof, il faisait peut être 50 ou 55cm.<br />-Oui, pas plus ; de toutes façons c’est moi qui prendrais le plus gros, lui dis je avec un sourire.<br />-Dans 10 ans, peut être… »<br /><br />A mon tour, touche franche, ferrage immédiat. Le combat dure autant que l’autre… C’est le jumeau de celui de Marc…<br />Même poisson, même punition. Une photo et, à l’eau !<br /><br />Nous insistons sur le même poste encore une bonne demi heure mais plus rien ne vient titiller nos leurres.<br />« Oh, tu as vu l’heure ? »<br />Je regarde mon téléphone, 12h26.<br />« Allez, à l’apéro ! »<br />Marc ouvre sa glacière et en sort une bouteille de champagne et deux verres.<br />« -On fête la nouvelle année ?<br />-Et comment ! Fais péter et sers moi, j’ai soif ! »<br />Le champagne, le saucisson puis le Juliénas accompagnant les andouillettes nous redonnent des couleurs. Nous rions, nous sommes bien, nous n’avons besoin de personne d’autre, juste deux copains qui partagent un casse croûte lors d’une partie de pêche, ça suffit.<br /><br />Après une tasse de café encore bien au chaud dans le thermos, nous recommençons à pêcher, Nous nous plaçons, à l’aide du sondeur, au dessus d’un éboulis de gros blocs immergés qui nous a déjà rapporté de gros poissons.<br />Le soleil daigne enfin pointer le bout de son nez à travers une petite trouée dans les nuages ; il fait un peu meilleur.<br />« -Ne bouge pas, me dit Marc, je m’agenouille au bord du bateau pour pisser. »<br />Je me tourne face au soleil pour me réchauffer un peu.<br />Touche ! Je ferre ! PLOUF !<br />« -Marc ! » Je me tourne, il n’est plus là. Le poisson tire sur ma canne, il est gros.<br />« -Marc ! » Pas de réponse. Le poisson plie ma canne en deux.<br />« -Marc ! Où es tu ? Réponds, nom de Dieu !!! Je te vois pas !» Le poisson donne des coups de tête sourds, il essaie de sonder pour aller se plaquer au fond. Je vais à la place de Marc.<br />« -Merde, où est il ? » Je regarde tout autour du bateau, pas de Marc. Le poisson se décroche, tant mieux. Je quitte la canne, hébété.<br />« -Marc ! » Pas de réponse. Je commence à réaliser, les larmes me montent aux yeux.<br />Je m’assied, perdu, hagard, je ne comprends plus, il sait bien nager, pourtant…<br />Le pêcheur du bord, qui a assisté à la scène, me rejoint avec son bateau. Il tourne, cherche. Rien à faire, mon ami n’est plus là. Il appelle les pompiers.<br /><br />Trois heures plus tard, un peu avant la tombée de la nuit, les plongeurs retrouvent son corps sans vie. Hydrocution, me dit le médecin ; dans une eau à 3°, rien d’étonnant…<br />Les gendarmes tentent de me rassurer en me disant que je ne risque pas de poursuites puisque j’avais le gilet et l’équipement nécessaire à bord. Il ne me reste plus qu’à pleurer cet ami et cet instant de bonheur trop fugace. Je le revois encore, refusant ce satané gilet…<br /><br /><br />Cette histoire est totalement fictive. Comme il est dit dans le générique de certains films, toute ressemblance avec des faits réels…<br /><br />…Et pourtant, combien d’entre nous prennent un gilet flottant avant de monter dans le bateau ? Peu, sûrement ; trop peu. En hiver ou lorsque les conditions ne sont pas optimales (vent, eau froide,…), j’en mets un. Et vous ?…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com3tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-28583095360188377972007-09-15T12:30:00.000-07:002009-07-05T09:36:53.919-07:00La princesse des siluresFin août 2067, environs d’Arles.<br /><br />« -Bonjour mémé.<br />-Bonjour Etienne, tu as bien dormi ?<br />-Oui, c’est calme ici mais c’est le chant des oiseaux, dehors, qui m’a réveillé.<br />-C’est vrai que chez maman c’est plutôt les bruits de la rue…<br />-Que veux tu faire aujourd’hui ? Retournes tu voir le petit voisin ?<br />-Je ne sais pas… Il m’énerve un peu. Il me parle tout le temps de son père qui fait des compétitions, à la pêche, et qui attrape des gros poissons. »<br />Sabrina sourit.<br />« -Ah bon, des gros poissons comment ?<br />-Gros comme ça, fit Etienne en écartant les bras. Il m’a montré des films sur son lecteur de poche.<br />-Tu sais, ce n’est pas très compliqué d’en attraper. Même moi, avant de partir faire mes études, j’allais à la pêche avec mon papa et j’en attrapais des plus gros que ça.<br />-C’est vrai ? Tu sais pêcher ? Tu en as déjà attrapé ? »<br />Des souvenirs d’une enfance heureuse affluaient. Papa, les innombrables silures, les promenades en bateau sur le Rhône, la Saône,… Le regard de Sabrina s’embua.<br />« -Allez, soit sage, bois ton lait pendant qu’il est chaud, ensuite tu t’habilleras et nous irons faire les courses au village.<br />-Oui mémé. »<br /><br /><br />« -Ca y est, tu prêt ?<br />-Oui, j’arrive !<br />-Dépêche toi, nous y allons à pieds.<br />-A pieds ???!!!!<br />-Oui cela nous mettra en appétit, il n’y a qu’un kilomètre quand même…<br />-PPPFFF…<br />-A ton age, tu peux parcourir cette distance sans t’épuiser, quand même… C’est bientôt ton anniversaire d’ailleurs, non ?<br />-Oui, j’aurait douze ans dans un mois et demi.»<br /><br />Chemin faisant, elle lui expliqua les fleurs des champs, les anciennes cultures du riz en Camargue, lui fit sentir les herbes aromatiques qui poussaient au bord du chemin, lui montra les oiseaux qui allaient bientôt migrer. Il eut l’impression que la distance s’était raccourcie ; ils entraient dans le village.<br />« Tu vois, on est déjà arrivés. Ce n’était pas si long que ça.<br />Oui ce n’est pas très long, finalement, un kilomètre… »<br /><br />A la supérette, le pain était encore chaud. Elle prit quelques conserves, un peu de viande pour le repas de midi et vit Etienne, un peu plus loin, à côté du rayon « jouets ». S’approchant, elle vit qu’il regardait la seule et unique canne à pêche… Elle était bien modeste à côté de celles que Sabrina avait connues… Bien sûr, celle-ci était en matériaux composites modernes, l’antique carbone n’étant plus utilisé depuis trente ou quarante ans, le moulinet fonctionnait sur mini batterie,… mais quand même, elle aurait fait pâle figure à côté du matériel de son père.<br /><br />« -Mémé, on peut l’acheter ? Je voudrais essayer de pêcher dans le Rhône, au bas du jardin.<br />-Non, ce n’est pas la peine. A la maison, on montera faire un tour dans le grenier, je suis sûre qu’on trouvera de quoi aller à la pêche…<br />-Tu as des cannes ?<br />-Il doit m’en rester quelques unes que j’avais gardé quand j’ais vendu la maison de ton arrière grand père pour venir m’installer ici. »<br /><br />Le retour s’avéra plus rapide, Etienne courrait presque, se voyant déjà au bord du fleuve, en train d’ébahir sa grand-mère par la taille des poissons gigantesques qu’il allait forcément attraper…<br />A peine eut elle quitté son cabas, Etienne la pressa :<br />« -Elle est où la canne ?<br />-Attends moi ici, je vais t’en chercher une au grenier. Reste ici, ce doit être plein de toiles d’araignée. »<br />Au bout de quelques instants elle revint, tenant à la main la canne tant désirée et une boîte.<br />« Tiens, celle là mon papa l’aimait bien. Dans la boîte il y a des leurres pour accrocher au bout. Je vais te mettre un émerillon à agrafe, ainsi tu pourras changer plus facilement. Tu sais bien nager, je crois ?<br />-Oh oui, j’ai mon diplôme de natation sur 50 mètres !<br />-Bon, mais soit prudent quand même. Tu restes au bas du jardin, que je te voie de la fenêtre.<br />-Oui mémé, promis. »<br />Il regarda le matériel.<br />« -Shimano…Stella…Connais pas… Comment ça marche ces moulinets ?<br />A peine lui avait elle expliqué le fonctionnement de tout l’attirail qu’il sortit en courant, pressé de prendre au moins la moitié des poissons du grand fleuve.<br /><br />Au bout d’un quart d’heure, il rentrait, la mine déconfite.<br />« -Ca mordait pas trop et d’un coup, j’ai laissé coulé, comme tu m’as dit, mais quand j’ai tiré, c’était dur. J’ai tiré, tiré mais le fil a cassé… Je crois que j’en avais un gros.<br />-Je crois surtout que tu avais un gros caillou, au fond, dit elle en souriant. Allez, à table maintenant, le repas est prêt. »<br /><br />Les tomates du jardin fraîchement cueillies et la grillade vite avalée lui redonnèrent confiance.<br /><br />« -Dis, mémé, je peux y retourner cet après midi ? »<br />Elle le regarda en silence puis eut un sourire plein de tendresse.<br />« -On va monter au grenier, j’ai vu d’autres cannes, on ira ensemble tout à l’heure.<br />-Tu sais pêcher ?<br />-Un peu… Mon père m’emmenait avec lui. Certains de ses clients m’avaient surnommée « Princesse des silures ».<br />-Une princesse ? C’est quoi les silures ?<br />-Ce sont les plus gros poissons qu’on trouve en France. Depuis que tous les poissons ne sont plus bons à manger à cause de la pollution, les pêcheurs ont déserté les rivières et les rares qui ont persisté ne pêchent plus que dans les plans d’eau privés ; ainsi, ils sont sûr de prendre du poisson. Dans les eaux naturelles, ou ce qu’il en reste, c’était moins facile… Bon, aide moi à ranger et on y va. »<br /><br />Sitôt dit, sitôt fait. La table rangée, les voilà montant vers la quête du Graal, le matériel de pêche.<br /><br />Elle ouvrit la porte, révélant ainsi un capharnaüm. Se trouvaient là des vieux meubles, des malles et tout un fatras de vieilleries hétéroclites.<br />« Il faudra vraiment que je fasse du vide un jour, quand tes parents seront là pour m’aider.<br />-Je ne suis jamais monté ici…<br />-Le matériel de pêche est là, je l’ai vu ce matin.» Elle ouvrit la porte d’une grande armoire métallique. Là, cinq cannes avec des moulinets, deux boîtes recouvertes de poussière et un petit fourreau.<br />« -Qu’est qu’il y a là ? » demanda Etienne en désignant l’étui long d’une cinquantaine de centimètres.<br />« -Ce doit être les cloncks, je ne savait même pas qu’il y en avait. »<br />Elle défit la petite sangle et étala le contenu. Quatre objets allongés avec une poignée d’un côté et une tête ronde de l’autre. Deux était en bois, les autres en matière synthétique, peut être du carbone.<br />« -A quoi ça sert ?<br />-A faire du bruit pour attirer les silures, tu verras quand on sera dans le bateau.<br />-Le bateau ?<br />-On va prendre la barque en carbone renforcée qui traîne derrière l’abri de jardin. Je vais vérifier mais elle doit être encore bonne. On utilisera le vieux moteur électrique avec batterie polymère que ton père avait acheté il y a longtemps. Le temps de chercher des vers dans le jardin, je vais lui mettre un coup de charge flash. »<br /><br />Une fois descendus, ils firent l’inventaire : Deux des moulinets semblaient grippés ; sur l’un des trois autres, la tresse, pourtant solide à l’époque, cassait à la moindre tirée. Les deux derniers semblaient encore en bon état ainsi que les bizarres cannes.<br />« -Mais on ne peut pas les utiliser, les cannes, elles n’ont pas d’anneaux.<br />-Mais oui, ce sont des cannes à fil intérieur, ne te fais pas soucis, tout va bien. On va pouvoir y aller. Regarde, les plombs sont là et les hameçons ne sont même pas rouillés.»<br /><br />Le temps de ramasser quelques dizaines de vers dans le potager et la barque glissait doucement sur la berge pour rejoindre une eau qu’elle n’avait pas revue depuis des lustres…<br /><br />« -Attends ! J’ai oublié les gants.<br />-Mais il ne fait pas froid !?...<br />-Non mais si un silure prend la ligne un peu fort, tu risques de te couper.<br />- … C’est quoi cette pêche, mémé ?<br />- Un peu de patience, tu verras… »<br /><br />Ca y est, la barque glisse en silence sur le fleuve en étiage.<br />« -Si je me rappelle bien, vers ici il y avait une jolie fosse. Voilà, nous y sommes, le courant nous portera au dessus en douceur et, surtout, en silence. »<br /><br />Elle prépare la canne, glissant le fil à l’intérieur, refaisant le nœud de Palomar qu’elle n’avait plus fait depuis près cinquante ans, monte un plomb de 150 grammes et enfile deux gros lombrics sur chaque branche de l’hameçon triple.<br /><br />« -Voilà, c’est prêt. Tu laisse couler le montage jusqu’au fond puis tu le remontes d’un mètre et tu le dandines doucement, tu verras. Mais d’abord, mets les gants pour protéger tes petits doigts. »<br /><br />L’enfant suit à lettre les instructions de sa grand-mère. Elle prend alors un de ces bâtons courbés qui étaient avec l’attirail de pêche et se met à frapper la surface, produisant un claquement sourd mais intense.<br /><br />« -Attention, ça ne devrait pas tarder, cela doit faire très longtemps que les silures n’ont plus entendu ça…<br />-Qu’est que ce qui ne tardera pas ?<br />-La touche…<br />-Tu cr….<br />D’un coup, le bras d’Etienne est tiré en arrière, le déséquilibrant presque.<br />-Ferre ! Tire un coup sec ! Je prends la canne ! »<br />Elle rattrape vite le mou dans la ligne et prend contact avec le poisson.<br />« Ca va, il n’est pas trop gros. Prends la canne. »<br /><br />Le jeune garçon s’empare de la gaule et s’arc-boute pour tirer ce monstre qui le secoue. Il grimace, combat comme s’il était au corps à corps. La canne plie, il n’arrive presque pas à tourner la manivelle. Deux fois, le moulinet libère du fil puis le silure monte enfin. Sabrina se penche et, devant son petit fils éberlué, mets la main dans l’immense gueule et le prend fermement par la mâchoire pour le soulever et le tirer dans la barque. Il s’assied, pantois, tremblant encore d’avoir tiré ce poisson géant et, surtout, d’avoir vu sa grand-mère le prendre comme ça, aussi simplement que si elle prenait le manche d’une casserole.<br /><br />« -Tu es folle, c’est un monstre ! Tu n’as pas mal aux doigts ?<br />-Non, c’est ainsi que nous prenions les silures avec Papa. Allez, mesurons le puis nous le remettrons à l’eau après une vidéo et quelques photographies…. Un mètre vingt cinq, ce n’est pas un monstre mais c’est bien pour un premier. Donne moi ton lecteur multimédia que je filme… Voilà, tiens le bien dans les bras. Souris ! C’est ton premier silure ! Voilà, vas y, fais le glisser doucement à l’eau… Tu es content ?<br />-Oh oui ! J’en tremble encore.<br />Bon, alors on continue », dit elle avec un sourire en coin.<br /><br />Deux autres silures plus tard, Etienne commençait à avoir mal aux bras, aussi Sabrina décida-t-elle de rentrer. Le soir s’approchait doucement en cette fin d’été. Le temps du retour, elle se revit, elle jeune fille, son père là, à côté, souriant après la capture de beaux poissons, ses yeux clairs rayonnants de bonheur dans le soleil couchant…<br /><br />« -On est bientôt arrivés ? J’ai un peu faim…<br />-Oui, la maison est juste après ce virage. »<br /><br /><br />Après le repas du soir, Etienne tombait de fatigue.<br />« -Dis moi, c’est ton papa qui t’as appris comment pêcher les silures ?<br />-Oui mais maintenant, il faut aller se coucher. Demain je te parlerai de ton arrière grand père et je te raconterai un peu sa vie… »Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-81795905583240167422007-07-01T02:22:00.000-07:002007-07-01T02:23:05.691-07:00Frotte, frotteFrotte, frotte le parquet<br />Nettoie, essuie le sol<br />Sur les étagères range les paquets<br />Dans le rayon lessives ou alcool<br /><br />Obéis aux ordres du chef, du directeur<br />Dis bonjour, sois poli<br />Courbe l’échine, baisse la tête<br />La couleur de ta peau te rend moins joli<br /><br />Mais le soir, seul chez toi<br />Quand tu prends ta vieille guitare<br />Tu deviens un roi<br />Serais tu un prophète, un ambassadeur ?<br /><br />Quand tu chantes le blues<br />Qui vit au fond de toi<br />Autour tout devient flou<br />Tu brilles comme une étoile<br />Tu tutoies les dieux<br />Tu communiques avec les cieux<br /><br />Prends ton instrument<br />Fais nous connaître, reconnaître<br />Ce don, cette énergie qui ne ment<br />Et qui fera de toi un maître<br /><br />Chante, joue sur ta guitare<br />Transmets nous cette lumière<br />Comme une folie, un nectar<br />Laisse sortir toute cette colère<br /><br />Quand tu chantes le blues<br />Qui vit au fond de toi<br />Tu tutoies les dieux<br />Autour, tout devient flou<br />Tu brilles comme une étoile<br />Et communique avec les cieux<br /><br />De grâce, je te supplie<br />Continue, continue encore<br />Je te demande de ne pas arrêter<br />Laisse moi encore communier<br /><br /><br />01 juillet 2007Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-20889748862237217712007-07-01T02:20:00.000-07:002007-07-01T02:21:45.728-07:00A toiMille raisons n’y suffiraient pas<br />Cent hommes ne pourraient me forcer<br />L’ouragan ne me contraindra pas<br />Je ne veux, pas plus que Noé, m’incliner<br /><br />Je n’ai pas la clé<br />Plus de proportion<br />Je ne veux plus crier, ne plus chanter<br />Mais est ce la solution<br /><br />Mais ce soir, pour vous<br />Je veux me rappeler<br />Me souvenir de toi, de nous<br />Afin de ne pas t’oublier, t’effacer<br /><br />Alors crions, chantons<br />Tous, le monde entier<br />Il faut vivre, crier<br />Pour enfin savoir s’aimer<br /><br />Ne plus chercher midi à quatorze heures<br />Oublier les ennuis, les désaccords<br />Oublier tous les malheurs<br />De toutes les façons, tous les jours<br /><br />Ne plus penser, oublier<br />Cette satanée infidélité<br />Qui fait que je n’ai plus la foi<br />Mais ce soir je ne veux plus chanter que pour toi.<br /><br /><br />30 juin 2007Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-69457888347300068662007-06-28T12:23:00.000-07:002007-06-29T00:06:33.663-07:00L’accidentC’est lundi, il fait gris et je suis coincé dans un embouteillage sur l’autoroute. Sans doute un accident. Cela fait au moins dix minutes que nous n’avançons plus. Les pompiers et les gendarmes sont passés tout à l’heure sur la bande d’arrêt d’urgence ; depuis, plus rien. Des gens s’impatientent à côté. Que faire ? Rien. J’ai arrêté le moteur. Et si ça m’arrivait, un jour ? J’y suis souvent, sur l’autoroute. Ai je bien vécu ?... En tout cas j’aurai bien pêché.<br />Mon esprit commence à vagabonder, il me raconte des soirées avec les copains, des poissons fabuleux (au moins le sont-ils dans ma mémoire), des émotions, des impressions, des odeurs et des spectacles naturels que seul le pêcheur peut voir quand, seul au bord de l’eau, il laisse tous ses sens s’éveiller à ce qui l’entoure… Des carpes qui sautent, une libellule multicolore qui se pose sur ma canne, le martin pêcheur qui passe, tel un éclair bleuté, le violet intense d’un iris qui éclot. Une vie qui naît, d’autres qui meurent. C’est la vie, dit-on… Quand on naît, on sait qu’on va mourir, funeste destin… C’est ce qu’on fera du temps qu’on a entre les deux qui fera une différence. Certains travailleront toute leur vie pour être les plus riches, d’autres ne travailleront jamais, ou si peu, sous prétexte que cela les fatigue. Je suis entre les deux, je suis un français moyen, je profite lâchement de mes jours de congés pour ne pas travailler et, souvent, aller à la pêche.<br /><br />La pêche, ma vie ; elle m’a aidé quand ça n’allait pas, m’a apporté de grandes joies quand ça allait mieux et m’a surtout fait voir, par moments, à quoi ressemblait le bonheur, cette carotte dont on nous parle quelquefois. Oui, je l’ai effleuré du bout des doigts de temps en temps, dans quelques moments de félicité trop rares mais tellement beaux…<br /><br />N’oublions pas le poisson, René Fallet disait qu’en matière de pêche, l’amour est plus fort que l’amorce. Je crois bien que c’est vrai. J’aime le poisson comme un ami, mon vrai compagnon de pêche. Quelquefois infidèle, volage, lunatique mais si indispensable. D’ailleurs, sans lui je vois mal pourquoi nous irions à la pêche… Bon, c’est vrai aussi que planter un hameçon de 3/0 dans la gueule de son compagnon, ce n’est pas très cool, en tous cas, moi je n’aimerai pas trop… Mais sans cela, comment le rencontrer ? Comment le tutoyer, quelquefois même lui faire un bisou, forcément mouillé, avant de le remettre à l’eau. Quoique, je ne les ai pas tous remis à l’eau… J’en ai tué pas mal… J’ai bien peur que, si Dieu était un poisson, les portes du paradis me restent éternellement closes. Tant pis, j’irai en enfer et là, je pêcherai dans le Styx, est-ce qu’il y a des poissons en bas ?<br /><br />Hier, je n’ai pas pu aller pêcher. D’autres y étaient sûrement, au bord du Doubs, du Rhône ou du ruisseau de Machin-Chose. Ils ont tous, je suppose, eu du plaisir, simplement à être là ; là où les autres ne sont pas, dans ce monde invisible qui se développe autour de chacun d’entre eux et que les autres, même en regardant avec tous les appareils du monde, ne verront jamais. Ce monde s’appelle imagination, espoir, observation silencieuse du moindre indice, du moindre frémissement du fil ou de la plume ; quelquefois on l’appelle aussi sens de l’eau, mais peu d’entre nous parviennent à ce degré de communion avec la rivière qu’ils arrivent presque à « voir » ce qu’il se passe au dessous.<br /><br />Je me souviens des aubes… Que l’on soit en bateau sur un lac ou à pied le long d’un torrent, l’aube est toujours un moment particulier. C’est un parfum et une luminosité indéfinissable et incompréhensible pour ceux qui ne l’ont pas vécu au moins une fois. La nature qui s’éveille, un hibou qui rentre dans la grotte là haut et se couche, les chevreuils qui sortent de leur cache nocturne et qui broutent tant que les hommes ne sont pas là… Et les poissons. Certains étaient déjà actifs avant que j’arrive mais j’espère qu’ils m’ont un peu attendu quand même. Je lance ma cuillère, m’applique à la faire passer à côté de cette vieille souche qui me semble creuse dessous. Rien. Peut être là, juste en amont, il me semble qu’il y a une cache sous la berge. Tac ! Ca y est, j’en ai une ! Elle essaie de fuir dans le courant mais elle est trop petite. Je la ramène doucement, hop, elle s’est décrochée. Tant mieux, elle sera peu blessée. Je continue ma progression. Je suis au bord de Cabanac, je pêche la carpe. Mon écureuil monte, le détecteur sonne une ou deux fois mais ça ne démarre pas. J’attends, tendu comme un arc… Tout à coup, ma ligne s’emballe, le vieux Carpsounder ne sonne plus, il hurle. Je prends la canne et ferre. Elle y est ! Je monte sur le petit Tabur et commence à rattraper le fil. La carpe se débat au bout, elle doit être jolie, en tous cas elle tire. Dix, quinze kilos, un peu plus ? Je mouline, je la vois enfin dans la lumière tamisée du matin, elle est un peu plus petite que ce que je pensais. Tant pis c’était un plaisir quand même de vous connaître, mademoiselle. Elle est à l’épuisette. Je la décroche et la remets à l’eau. Pas la peine de risquer de la faire souffrir pour une photo. Je suis au bord du Vidourle avec ma canne « casting », j’expédie mon grub avec délicatesse dans la trouée, entre les grands nénuphars. Une ombre. Est-ce un black ? Une carpe ou une tanche ? Rien ne tape sur mon leurre. Je ramène doucement en animant un peu et en faisant des petites poses qui le laissent retomber au fond. Je change, un worm sera peut être plus efficace. Je le renvoie doucement, en freinant la ligne du pouce pour le poser en finesse. Un rayon de soleil commence à pointer qui me permet de le voir couler. Encore une ombre derrière ! C’est un bass, cette fois j’en suis sûr ! Il suit mon leurre dans sa descente puis reste fixé sur lui quand il est au fond. Je le décolle de deux petits coups de scion. Je l’ai ! Le beau poisson monte, fait éclater la surface lisse avec force éclaboussures. Il secoue la tête pour se décrocher de ce ver qui le pique. Je vois un truc tomber à côté. Je reprends contact, plus rien. Il s’est décroché. Tant pis, beau poisson… Le soleil se lève, l’aube est terminée.<br /><br />Un bruit, c’est un détecteur qui sonne ! Je suis à Sylvereal, un silure tire ma ligne. Je sursaute.<br />Où suis-je ?... Ah oui, ça y est, l’autoroute, le bouchon… Je me suis endormi, ce qui ne plait pas à ceux qui sont derrière moi, ce sont eux qui klaxonnent ; ceux de devant ont commencé à avancer. Je peux aller vers le bureau ; là bas, sur l’ordinateur, je regarderai les photos des gorges du Verdon pour finir mon rêve…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-33563410813478463962007-06-16T05:31:00.000-07:002007-06-16T05:32:47.738-07:00Petite ballade verdonienneMe revoilà dans les gorges du Verdon. J’ai laissé derrière moi tous les ennuis, les problèmes. Le travail, la famille qui ne va pas, les agents qui ne veulent rien comprendre, PFFFTTT, envolés.<br />Je suis seul, l’homme unique, l’archétype de l’être humain, quelquefois si généreux et d’autres fois si con… Mais aujourd’hui, je ne parle pas, je ne pense pas, je pêche.<br /><br />J’ai mis un pantalon de treillis, mes chaussures de montagne, pris ma canne et mon sac à dos et enfin me voilà, prêt à prendre la truite de ma vie ; ou plutôt à essayer d’en attraper une… Parce que ce que je viens chercher ici, ce ne sont pas de simples poissons, ce sont les reines des eaux douces, les plus grosses, les plus puissantes, les dignes cousines du roi saumon, ce grand migrateur qui parcourt des milliers de kilomètres pour perpétuer son espèce. Ici, et surtout avec les techniques que j’utilise, on ne capture pas de truitelles, seulement des poissons dont la taille moyenne dépasse allègrement les deux kilos ; ici truite rime avec dynamite. Dans ces courants puissants, chaque touche se transforme en coup de fusil dans la canne, le frein du moulinet doit être réglé à la perfection sinon, CLAC, casse assurée.<br /><br />J’attaque le parcours au dessus de la réserve. A cet endroit, les gorges sont encore évasées, c’est le haut du cirque de Vaumale. Dans deux mois, les touristes se presseront nombreux jusqu’ici ; mais les vraies gorges commencent plus haut, là où les parois se resserrent, là ou le ciel semble se refermer sur moi. En bas, il y avait l’étroit du Galetas mais maintenant le lac a noyé le torrent et on le franchit en pédalo, vous parlez d’une aventure…<br /><br />Je mets une ablette sur ma Drachko. La dernière fois j’avais plombé à 5 grammes mais le débit du Verdon a augmenté, il faut que j’en mette plus aujourd’hui. Peut être 8 ou 10 ? Je vais essayer 8 au début, ensuite, quand le cours d’eau sera plus étroit et le courant plus puissant, j’augmenterai. Je commence à ratisser derrière les rochers. J’arrive au poste du thermographe, l’an dernier j’en ai pris deux ici, dont une 5 kg dont mes copains se souviennent encore… Nous avions prévu un bivouac pas très loin et je l’ai prise au coup du soir, juste avant l’apéro… Nous avions un peu mal à la tête, le lendemain matin à cinq heures pour attaquer à pêcher…<br /><br />Je m’applique, lancer au centimètre, dérive au ras du fond. Un éclair blanc sur le côté ! Tap, merde ! Elle est venue mais elle a juste touché, elle n’a pas pris franchement ! Je renvoie, passe et repasse sur le coup, rien à faire, elle ne reviendra plus. Dommage, beau poisson, entre trois et quatre kilos à mon avis, difficile à dire quand même ; je n’ai vu qu’un reflet au moment de l’attaque.<br /><br />Je vérifie l’état de mes hameçons, il ne faudrait pas continuer à pêcher avec une pointe émoussée. Un petit coup de lime diamant pour le principe mais non, pas de doute, les pointes étaient bonnes.<br /><br />Je monte doucement en ratissant le moindre bloc, le moindre remous, rien. J’arrive à l’ancienne passerelle de Mayrestre. L’énorme trou en dessous m’a déjà apporté quelques joies… Prudence, soyons précis et attentif… Je lance et relance dans le calme, en bordure du courant puis dans le courant ; rien, tant pis, la prochaine fois peut être. J’arrive dans le premier cayon secondaire. A cet endroit, le surplomb est si important que lorsqu’il pleut, on est à l’abri sous la paroi d’en face. La lumière est atténuée, on dirait que quelqu’un a mis un abat jour sur le soleil.<br />Là, le courant est puissant, uniforme, trop peut être, j’ai un peu de mal à pêcher correctement. Les parois sont lisses, je suis plusieurs mètres au dessus de la rivière, je décide de passer au dessus pour retrouver un secteur avec des blocs, des remous et des postes un peu plus marqués.<br /><br />Cela fait déjà plus de deux heures que je pêche et je n’ai eu que cette touchette au thermographe mais je sais que cette pêche est ainsi, rude, difficile, exigeante physiquement et moralement ; peu de touches, un parcours difficile dans d’immenses chaos de rochers. Mais quelle joie, quel bonheur d’être là, seul avec moi-même, avec mon âme, comme seul dans le vide sidéral. Je suis un rocher, un arbre ou une fleur. Je suis un chasseur de trésors à la recherche de la truite mythique qui, dans le Styx, a fait un pacte avec le diable et garde son or.<br /><br />Merde !!! C’était quoi ce toc, une touche, le fond, un rocher ? Arrête de divaguer et concentre toi !!!! C’est pas possible d’être aussi bête !!! Je renvoie, repasse au même endroit. Toc ! Toc ! Merde, c’était un caillou au fond.<br />Je contourne un bloc de quelques centaines de tonnes tombé là depuis quelques dizaines de milliers d’années ; heureusement, je n’aimerai pas être là quand un comme celui-ci dégringole…<br />Mon ablette est abîmée et ne tient quasiment plus sur la monture, je préfère la changer car juste en amont j’en ai touché une jolie la dernière fois… Si elle y était encore… Voilà, c’est prêt. Je reste en retrait, à demi caché derrière l’énorme bloc et envoie mon appât au ras du rocher derrière lequel se tient, forcément, la truite de ma vie. Je prends contact et commence à dériver dans le remous. Mon esprit est accroché là-bas, au bout de cette ligne qui plonge dans l’eau. Mentalement, j’observe l’ablette qui descend mollement, juste animée de quelques soubresauts. Mon fil se décale sur la droite, peut être trente centimètres, je n’ai rien senti. L’espace d’une demi seconde, j’hésite, je ferre, CA Y EST, elle est au bout ! Le poisson tire, part dans le courant, essaye de dévaler, de toutes ses forces, de tout son courage. Il roule, s’enroule et me prend un peu de fil. Je le bride et, bientôt, le ramène un peu dans le remous. C’est bel et bien une grosse truite, j’ai vu l’éclair blanc quand elle s’est tournée. D’ailleurs, si c’était un chevesne, le combat serait déjà terminé… Fais attention au rush ou au saut « de près », tu as déjà décroché de beaux poissons comme ça, me dis je. A peine pensai je cela que la truite saute, s’envole, comme un i majuscule qui s’élève. Je baisse la canne pour laisser du mou le temps qu’elle retombe. Elle secoue la tête en espérant décrocher cette pointe qui la pique et la tire. Rien n’y fait... Elle replonge, je reprends contact. OUF, elle est encore au bout. Un dernier rush en direction d’un rocher, je la contre sans trop de problème et elle vient, abandonne. Je l’amène vers une plage de galet sur ma droite. Ici je peux l’attraper. D’une main ferme je la saisis derrière la tête et la plaque contre moi. Je m’éloigne du bord. Un peu plus de soixante centimètres, elle doit atteindre trois kilos. Je suis heureux. Désolé ma belle mais aujourd’hui je ne pratiquerai pas le No kill. Je la retourne et l’abat sur un rocher devant moi. Elle est morte. Je la décroche. La pêche est un jeu cruel… J’humidifie le grand sac de toile qui me sert à conserver les poissons, y glisse la truite et met le tout dans le sac à dos. Je lève la tête, regarde les parois au dessus de moi et remercie le Verdon de me donner ces joies, ces instants de félicité…<br /><br />Je suis presque aux Meulards, il va me falloir emprunter le sentier au dessus, dans la colline car je ne peux plus passer au bord. Je plie la canne et remonterai tout quand j’arriverai de nouveau au bord de la rivière.<br /><br />Après un petit quart d’heure de marche, me revoilà prêt à pêcher. Je ratisse le moindre recoin, tous les courants. Rien, ou presque, une truite de trente ou trente cinq centimètres est venue taper sur mon ablette toute à l’heure, sinon calme plat. Cela fait bientôt cinq heures que je pêche. Dans deux ou trois cent mètres, je serais au bout de mon parcours. Je suis content, j’ai un beau poisson dans le sac.<br />J’arrive sur un des derniers coups. Un grand rocher barre le Verdon, l’obligeant à se séparer en deux pour le contourner. J’envoie du côté droit. A cet instant, je me dis : « Non c’était à gauche qu’il fallait envoyer. » Tant pis, je ramène mon poisson doucement, rien. Je m’applique pour le lancer. L’ablette tombe deux mètres en amont du gros rocher, du côté gauche. Parfait, je laisse couler, prends contact. Une brusque tirée manque de m’arracher la canne des mains, je réponds instantanément par un ferrage appuyé. Là haut, une queue large comme un battoir frappe la surface à deux reprises ! Elle est énorme ! A peine le temps de réaliser, mon fil me passe devant à toute allure, elle dévale ! Ma canne se plie, le frein hurle. Le moulinet se dévide à toute vitesse. Que faire ? Je ne peux pas descendre pour la suivre, un gros rocher m’en empêche, il faudrait que je le contourne à la nage mais avec ce courant j’ai toutes les chances d’être emporté, ce n’est pas possible. Mon moulinet continue à se vider, elle m’a pris au moins cent mètres de fil, je vois le fond de la bobine. Pas d’autre solution, je mets la main sur le côté du moulinet et freine avec la paume, la canne encaisse, plie, plie encore tandis que j’appuie plus fort. Elle va casser… Tout à coup, elle se redresse… Plus rien… Je mouline, je ne sens même plus le poids de la monture… Cassé…<br />Quel poisson ! Quel poids faisait elle ? Dix kilos, plus peut être… Quel bonheur d’avoir tutoyé pendant quelques dizaines de secondes une truite pareille… Quelle joie et quel souvenir ! Je crois que m’en souviendrai toute ma vie… Extraordinaire !!! Enorme !!!<br />Je m’assieds, encore abasourdi par la puissance phénoménale de cette truite. Je regarde le Verdon, hébété. Deux ou trois minutes passent ainsi quand soudain, juste devant moi je vois un dos large, puissant, sortir de l’eau... Je n’en reviens pas, c’est elle… A-t-elle conscience que je suis là, est-ce le hasard ?<br />Elle disparaît, je ne la reverrai jamais, mais quel épisode de ma vie de pêcheur !<br /><br />Je plie ma canne. Aujourd’hui rien ne vaudra plus que ce dos argenté, là, devant moi, …<br /><br />Deux heures de marche m’attendent maintenant<br /><br />La tête pleine de ces images, le retour me semblera plus court que d’habitude et quand j’écris ces lignes, vingt ans plus tard, je revois encore ce dos. Savait elle que j’étais là, à regarder le Verdon ? A-t-elle compris que j’ai tenté de prendre sa vie ? Je me pose encore ces questions et je n’aurai jamais les réponses…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-40614935635003385442007-05-27T07:09:00.000-07:002007-05-27T07:11:17.842-07:00Espoir ?Ma vie n’est pas un long fleuve tranquille<br />Elle est faite d’emmerdements<br />De coups de gueule et d’errements<br /><br />Faut il s’en plaindre<br />Dois je en rire ou en pleurer<br />A quoi sert de geindre<br />Si ce n’est soi même se leurrer<br /><br />La maladie, le décès<br />L’envie, les excès<br />Tout cela je l’ai eu<br />Et finalement je ne me suis pas tu<br /><br />A quoi bon se taire, d’ailleurs<br />Cela me rendra-t-il la vie meilleure ?<br />M’épargnera-t-on l’accident ?<br />Mes ennemis m’auront-ils moins une dent ?<br /><br />Faut il s’en plaindre<br />Dois je en rire ou en pleurer<br />A quoi sert de geindre<br />Si ce n’est soi même se leurrer<br /><br />Je veux continuer à chanter, crier<br />Boire, manger quand ça me plait<br />Souffler, râler ou faire un ver<br />Car de tout cela je suis fier<br /><br /><br /> 23 mai 2007, dans le trainJoss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-33922367758612442292007-05-27T07:08:00.000-07:002007-05-27T07:09:48.227-07:00La légende des cinq tribusEtant récemment en vacances dans le centre de la France, j’ai croisé la route d’un personnage un peu bizarre qui m’a conté une vieille légende bourguignonne. Je m’en vais vous la raconter ici.<br /><br />Vers le milieu du premier siècle, une étrange réunion eu lieu dans une petite bourgade des environs de Catalaunum, l’actuelle Chalon sur Saône. Cinq tribus y aurait participé : Les Glanix, organisateurs de la rencontre par l’intermédiaire de Eupevix et Nellysia, son épouse, les Rhôdanos, les Carnavenix, les Ecolocarpex, qui se reconnaissaient aisément par leur cri de ralliement (BBOOOOUUUUHHHHH) et les Catfix, qui venaient de la Gaule Belgique. Ces tribus avaient la particularité de n’être rassemblées que très rarement et, de plus, partiellement. On ignore encore comment ils faisaient pour communiquer et se réunir. Certains disent qu’ils avaient un système de communication relativement évolué pour leur époque qui avait été mis au point et entretenu par un sorcier nommé Markkusox mais les chercheurs n’ont pas encore réussi à élucider ce mystère ni à décrypter les quelques messages qui nous sont parvenus. Ceux-ci parlent pêle-mêle de bouées, de calamars et de tridents. A croire que la région de Chalon était baignée par l’océan à l’époque…<br /><br />Ces tribus étaient représentées par leur chef et quelques uns de leurs membres. Etaient présents Vellax, chef des Glanix, accompagné de Tanzillix, leur grand prêtre, Charlix, chef des Rhôdanos, Rochus pour les Catfix et, pour les Ecolocarpex, Manux, dont on ne sait s’il s’agit d’un ou deux personnages, deux orthographes différentes Manux G et GothManux laissent planer le doute. Seuls le chef des Carnavenix était absent ; ils étaient représentés, entre autres, par deux frères, Lilbobus et Filoux.<br /><br />Ils s’étaient réunis pour la cérémonie annuelle du culte de Silurus, leur icône, leur fétiche que l’infâme préfet romain Bobus, qui officiait dans la région de Vagoritum (ville aujourd’hui détruite des environs de Laval), faisant pression auprès des administrations de Lutèce et, peut être, de Rome, voulait exterminer. Il faut rappeler ici que le symbole des premier chrétiens était un poisson ; sans doute voulait il combattre ceux-ci ?<br />Un autre infâme rodait dans les environs, un nommé Jansos. On ignore encore pourquoi, mais il avait tout fait pour que les autorités romaines interdisent ce rassemblement. Il était allé plaider cette cause auprès des légionnaires du camp romain le plus proche, Gendarmarium, sans succès, puis du chef du village où cela devait se faire. Celui-ci, un peu « frileux », peut être, ou apeuré par les menaces de Jansos, n’apporta qu’un soutien très modéré à cette réunion ; sans doute craignait il des débordements, mais les cinq tribus étaient visiblement constituées de gens aimant la vie, leur poisson et leurs congénères et ne créèrent aucun problème au gardien des terres où ils avaient installé leurs tentes.<br />Aucun lien entre Jansos et le préfet Bobus n’a pu être mis en évidence, pour l’instant, mais certains chercheurs pensent que le premier aurait été au service du second. Nous l’ignorons encore à notre époque…<br /><br />Leur culte était relativement simple : ils essayaient de capturer leur fétiche, ce fameux Silurus, puis après une petite cérémonie appelée Nokhilus au cours de laquelle son portrait était gravé sur des petites tablettes en pierre (Nicéphore Niepce n’avait pas encore inventé la photographie), ils le remettaient à l’eau en le priant de revenir plus grand et plus fort l’année suivante. Cela préfigure un peu une mode en vogue auprès des pêcheurs à la mouche anglais du début du XXème siècle, le No kill et qui, par la suite, s’est répandue auprès d’autres disciples de Saint Pierre.<br /><br />Tous ces officiants étaient obligés de rentrer au campement le soir car, allez savoir pourquoi, les lois romaines leur interdisaient de célébrer leur culte la nuit, chose dont rêvait la plupart et que réfutait Charlix, chef des Rhodanos. Il y eut d’ailleurs une discussion passionnée entre lui et Eupévix, qui était légaliste.<br /><br />En dehors de ces cérémonies, leur quotidien était occupé par de longues palabres autour de festins constitués principalement de viandes cuites directement sur la braise et de nombreux tonneaux de vins de la région (la cervoise commençait à passer de mode). Un dénommé Micchelus, spécialiste des banquets à Lutèce, était venu spécialement pour leur apporter une grosse partie des victuailles et s’occupait à les rôtir pendant que les convives racontaient tous les détails des cérémonies qu’ils avaient pratiqué dans la journée.<br /><br />Au total, près d’une centaine de Nokhilus ont été célébrés. On dit même qu’un dénommé Frispirix, membre de la tribu des Catfix, rendit grâce à un Silurus de près de 120 digitus (pouce romain), ce qui représente un peu plus de 2,2 mètres.<br /><br />Finalement, après avoir célébré quatre jours durant le culte de Silurus, ils décidèrent de rentrer chez eux, qui vers l’Armorique, qui vers la Provinciae (l’actuelle Provence), d’autres en Belgique. Il parait qu’en se séparant, ils firent une prière commune afin de n’être plus pourchassés la nuit comme de vulgaires voleurs…<br /><br /> <br /><br /><br />P.S. On m’informe qu’une réunion rappelant beaucoup celle-ci s’est déroulée dernièrement au confluent de la Saône et du Doubs…<br />Et si le culte de Silurus avait persisté et résisté au temps qui passe ?… Cela prouverait que l’infâme Bobus n’est pas parvenu à ses fins… et peut être qu’un jour, ils pourront pratiquer la nuit sans être traqués comme l’ont été, en leur temps, les adeptes d’un autre culte, le Carpix…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-70205442818536981252007-05-13T01:51:00.000-07:002007-05-13T01:52:14.621-07:00Femme dans mon cœurCe soir je suis loin de toi,<br />Tu me manques, je voudrais me rapprocher de ton aura<br />De ton aura de femme moderne, de femme libre<br />Afin d’être un peu plus dépendant, un peu plus fébrile<br /><br />Tu es la femme dans mon cœur<br />Tu es celle qui soulage ma douleur<br />Et même si les siècles nous séparaient<br />J’inventerai la machine qui nous rapprocherait<br /><br />Je me sens quelquefois tellement petit<br />Devant ton corps qui donne la vie<br />Et face auquel tous mes muscles, toute mon audace<br />Fondent, s’effondrent, comme poudre dans une crevasse<br /><br />Je voudrai ne plus jamais te quitter, t’abandonner<br />Mais je sais que les kilomètres, les miles ou les lieues<br />Ne sont rien et ne peuvent nous séparer, nous couper<br />Car notre amour réciproque ne saurait être mieux<br /><br />Tu es la femme dans mon cœur<br />Tu es celle qui soulage ma douleur<br />Et même si les siècles nous séparaient<br />J’inventerai la machine qui nous rapprocherait<br /><br />Malgré tout je suis comme un enfant sans sa maman<br />Comme un Sanson sans sa chevelure<br />Comme un Hercule pantelant et chancelant<br />Tu vois, sans toi se dispersent mon passé et mon futur<br /><br />Et je ne sais plus si je suis vivant ou mort<br />Si je dois avoir raison ou bien tort<br />Si je peux encore avancer ou reculer<br />Et si je pourrais continuer ainsi et m’obstiner<br /><br />Tu es la femme dans mon cœur<br />Tu es celle qui soulage ma douleur<br />Et même si les siècles nous séparaient<br />J’inventerai la machine qui nous rapprocherait<br /><br /><br />5 juillet 2005Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-20571779741702745712007-05-13T01:49:00.000-07:002007-05-13T01:50:50.858-07:00Celui qui est venuJe l’aimais bien, l’homme qui attendait des nouvelles<br />Il avait quitté son pays, ses racines et sa famille<br />Pour gagner sa vie et améliorer un peu celle des siens<br />Dans un nouveau pays, un peu meilleur, peut-être eldorado<br /><br />Pionnier, il avait trimé ; humble, il se taisait<br />Tantôt mineur, tantôt maçon ou ferrailleur<br />Il rêvait, espérait en des jours meilleurs<br />Et, en attendant, travaillait sans relâche<br /><br />Tous les jours il rêvait qu’il était avec ses enfants<br />Que sa femme et ses frères l’attendaient chez lui<br />Mais quand il rentrait le soir, il ne trouvait que son petit lit<br />Et seuls l’accueillaient le réchaud à gaz et les conserves<br /><br />Peut-être un peu candide ou trop servile<br />Il disait toujours oui pour mieux être accepté<br />Par tous ces gens qui le toisaient<br />Et qui, pour rien au monde, n’auraient été ses amis<br /><br />Qu’importe, il espérait que ce pays deviendrait le sien<br />Et celui où grandiraient ses enfants<br />Oui il seraient bien, ailleurs que dans cette cabane<br />Quand il aurait assez travaillé et économisé<br /><br />Car un jour, il en est sûr, il accueillera sa femme<br />Et lui montrera la maison qu’il aura bâti<br />Pour vivre libre et en paix dans ce pays<br />Où vont se réaliser tous les espoirs de ses enfants<br /><br />Quand il sera vieux, il racontera à ses petits enfants<br />Comment il est venu, seul et plein d’espoir<br />Se faire une petite place au soleil<br />Pour sa famille, pour qu’ils soient mieux<br /><br />Je l’aimais bien, l’homme qui attendait des nouvelles<br />Il s’appelait Angelo, Piotr, Juan ou Mohammed<br />C’était mon grand père ou celui de beaucoup de français<br />De tous ceux qui font que j’aime ce pays qui est le mien.<br /><br /><br />24 Juillet 2005Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-48596761890059431442007-05-08T12:04:00.000-07:002007-05-08T12:05:49.339-07:00Petite histoire camarguaisePetite visite aux silures camarguais<br />Ou<br />Les aventures des nouveaux pieds nickelés<br /><br /><br /><br />Toute ressemblance avec des personnages ou des événements connus n’a rien de fortuit et n’est absolument pas due au hasard. L’auteur s’expose d’ailleurs aux foudres terribles des protagonistes de ce petit récit, mais cela fera probablement l’objet d’une autre histoire.<br /><br /><br /><br />Les premiers arrivés étaient Esux, un mécano surdoué qui avait choisi de se recycler dans l’ordre et la sécurité, et le serpent belge, un gringalet ne rêvant que d’une chose, habiter en Camargue pour plus profiter de ses jolies filles et de ses silures. Non pas qu’ils soient les plus près mais ils avaient choisi de voyager de nuit… à moins qu’ils n’aient déjà une petite idée derrière la tête… mais nous verrons cela un peu plus tard.<br />Les suivirent un peu plus tard et dans le désordre le plus total le gros Ross, une espèce de garde champêtre plus large que long, court sur patte et au fort accent méridional, Titin, grand échalas rigolard tout droit sorti des brumes du lac du Der, Esprit libre, sujet de sa gracieuse majesté Albert II, roi des belges, sortant une plaisanterie (belge, bien sur) à la minute et PierrotG35, jeune lyonnais à priori fort sympathique qui, non seulement ne buvait pas l’apéro mais, de plus, refusait absolument de manger la nourriture sacralisée du pêcheur, le saucisson.<br />La plupart de ces personnages ne s’étaient jamais rencontrés que par internet, par le biais d’un site plus ou moins bien tenu par une espèce de vieux moutard motard se prénommant Marhu (tu parles d’un nom, y en a qui ont pas de chance…). Leurs seuls liens étaient la passion de la pêche du silure et le forum sur lequel ils laissaient libre cours à leurs incessantes questions concernant les infimes détails du montage des lignes…<br /><br />Tout ce petit monde s’installa tant bien que mal avec un fatras de cannes, bateaux et ustensiles divers au milieu d’un petit camping ( ?) ressemblant beaucoup plus à un terrain vague qu’à une résidence pour pêcheurs, même rustiques… Imaginez un peu un terrain au bord du petit Rhône dont les berges sont constituées de vieilles remorques à bateau pourries, de tuiles cassées et de vieux blocs de béton avec des arbres poussant de façon totalement anarchique et des herbes folles de près d’un mètre de haut ; telle était leur résidence de vacance.<br /><br />Vinrent ensuite Maurin (du nom d’un célèbre bandit provençal) et Marx (pas Karl, un autre), les duettistes de l’high tech de la pêche à la ligne, tous deux ne se déplaçant jamais sans, au moins, trois mille euros de matériel à la main. Les accompagnaient deux carpistes bons vivants les aillant suivi par inadvertance en voulant goûter aux joies quelque peu bizarres de la pêche du silure et qui, voyant les carpes qu’ils dorlotaient habituellement servir de vif sur des hameçons gigantesques, se demandaient un peu ce qu’ils faisaient là.<br /><br /><br /><br />L’aventure commence par la capture d’un silure que personne n’a jamais vu. Les premiers arrivants, Esux et le serpent belge déclarèrent en effet avoir capturé un poisson de un mètre soixante et, bien sur, remis à l’eau juste avant (quel hasard !) l’arrivée des autres… Ils produisirent pour preuve une photographie devant plus, à mon avis, à Photoshop qu’à la tactique dite « de la touche réflexe » dont se gargarisait ledit Esux… Que ne ferait on pas pour se prémunir de la bredouille…<br /><br />Bref, les choses semblaient bien commencer, c’est après que ça se gâte…<br /><br />Après que chacun de ces zigotos ai déchargé environ une demi-tonne de matériel, ce qui ajouta encore à la pagaille naturelle du camping, rappelons qu’ils n’étaient venus que pour quatre jours, vint la mise à l’eau des bateaux. Celui des deux premiers arrivants étant déjà à l’eau, se succédèrent sur l’infâme descente en béton toute tordue faisant office de cale de mise à l’eau Titin avec son Pap360 flambant neuf puis le gros Ross. Là, le spectacle était à la hauteur du terrain où ils allaient passer ces quelques jours : Sur une remorque toute tordue et bricolée (avec quel talent !!!???) se trouvait une espèce de petit youyou qui avait dû être, autrefois, un voilier et se trouvait maintenant reconverti gaillardement en bateau à moteur avec un GROS…4CV… Je crois que même un condamné à mort aurait refusé de monter là-dessus…<br /><br />Les voilà donc tous partis, jurant qu’ils allaient ramener des dizaines de photos de leurs, inévitablement, multiples et énormes captures à Marx. Celui-ci voulant se transformer en Orson Welles silurien, il avait emmené, high tech oblige, ordinateur avec connexion à l’internet par satellite et tout un tas matériel photo et vidéo afin de les mettre en ligne au fur et à mesure.<br /><br />Passées les premières vingt quatre heures de pêche, la pêche de nuit étant autorisée à cet endroit, des questions commencèrent à se poser et le doute de commencer à s’installer… Pas de poissons… ou si peu… quelques alevins, ou guère plus gros, de silures… L’eau est trop basse, la lune trop haute, le temps trop beau, à moins que l’eau ne soit trop mouillée… Bref, quelque chose ne va pas… Pourtant, ils déployaient toute leur science ( ?) de la pêche pour essayer de leurrer ces poissons qui, visiblement, n’étaient pas très coopératifs. Certains n’avaient pas hésité à faire faire mille kilomètres à des tanches et des carassins qui, pourtant, étaient peu enclins au voyage, surtout pour finir accrochés à des hameçons triples de 5/0 et promenés devant le nez d’un tigre géant à longues moustaches…C’est bien connu, ces poissons prennent rarement l’autoroute d’eux-mêmes… Peut être les silures n’étaient ils tout simplement pas au courant que leurs admirateurs les plus fervents étaient venus de toute la France et même de Belgique ? Qui avait oublié de le leur dire ?<br /><br />Heureusement, ils avaient prévu de quoi se sustenter avec la commande d’une Gardianne de taureau pour un soir et de Veau en sauce aux pignons pour le lendemain, tout cela correctement arrosé de quelques crus plus que sympathiques apportés par les uns et les autres…<br /><br />Qu’importe, demain ça va mordre, ça ne peut pas ne pas mordre avait dit, plein de confiance, PierrotG35. Paroles prémonitoires. En effet, le lendemain, presque à la surprise générale, il prenait quand même, en compagnie du retardataire Kiko06, jeune niçois dont on se demandait s’il sortait de l’école ou des barricades de mai 68, un silure albinos, certes pas très gros, il dépassait à peine les cent vingt centimètres mais qui avait le mérite d’avoir contribué un peu à relever le moral des troupes. Ragaillardies, les différentes équipes se remirent donc « au travail ». Les mêmes « alevins » récompensèrent les efforts de quelques uns mais visiblement les silures dignes de ce nom étaient occupés à autre chose…A force d’échafauder des hypothèses, la lumière vint : ILS SE REPRODUISENT !!! Sinon comment expliquer cette absence de touches quasi-totale, seuls ceux n’étant pas en age de frayer étant un peu mordeurs… La température de l’eau à 21°, le niveau de l’eau stable, le mois de mai pointant le bout de son nez, la solution était là !!! Evidemment, pour comparer, si on vous tendait un sandwich lorsque vous êtes en pleine « action », au moment fatidique, est-ce que vous le mangeriez, vous…<br /><br />La nuit suivante fut un peu plus agitée. Esux et le Serpent belge avaient calées quatre cannes à la bouée, technique qui consiste à tirer sa ligne jusqu’à une bouée et tendre le fil qui est retenue par un « cassant » de 30 ou 40/100 afin de faire évoluer un vif colossal (jusqu’à trois ou quatre kilogrammes) juste sous la surface. Comme tous les soirs, ils espéraient ainsi capturer LE silure gigantesque qui hantait leurs rêves. A cinq heures du matin, Titin, qui dormait juste à côté, se réveilla et, peut être visionnaire, s’assit devant les cannes pendant que le bruit d’au moins une demi douzaine de tronçonneuses sortait des diverses tentes. Le gros Ross, toujours pas déconfit, était parti vers trois heures du matin à bord de son ex-voilier reconverti pour tenter une dérive aux vifs. Titin rêvait en regardant la nuit qui commençait à peine à donner des signes d’évanouissement quand, soudain, CLAC !!! Une cassant qui explose ! La canne se redresse puis se plie à nouveau, sous la pression de la touche. Il se lève d’un bond, ferre le poisson et crie, appelle à son secours les dormeurs qui essaient de sortir de leur tente en catastrophe. Esux s’empêtre dans son sac de couchage pendant que le Serpent belge déchire sa tente pour essayer de sortir. Titin sent une vie, une force qui pèse là-bas, de l’autre côté.<br />-« Ca ne semble pas énorme, pense-t-il, peut-être un mètre cinquante… »<br />Il appelle encore et veut s’avancer pour descendre vers le bateau. Là, tout à coup, un rush d’une puissance insoupçonnée le tire en avant, la canne se plie, se tord, le moulinet, qui, pourtant, était quasiment bloqué, se dévide et laisse sortir quarante ou cinquante mètres de tresse. Le grand bonhomme se trouve au bord, en surplomb des bateaux et en déséquilibre ; une seule solution, il saute, dévale comme il peut le raide talus et, d’un bond, se retrouve dans le bateau sans, miracle, n’avoir cassé quoi que ce soit. Le Serpent belge qui a réussi à faire un trou dans sa tente pour sortir descend en courant et saute aussi dans la barque. Titin lui rend sa canne, s’empresse de détacher la corde qui les retient au bord. Ouf ! Le combat peut commencer.<br /><br />S’ensuit une bataille, presque une rixe entre le poisson furieux de s’être laissé surprendre et qui ne veut pas abandonner un pouce de terrain et le pêcheur à peine réveillé mais qui veut par-dessus tout voir ce monstre qui le secoue, le tire, voudrait s’en aller. Après plusieurs autres rush et deux ou trois dizaines de minutes, le grand poisson abdique, il dégaze (lâcher de bulles qui lui permet d’équilibrer la pression de l’eau avec sa vessie gazeuse) et commence à monter.<br />-« Il est gros, plus de deux mètres, s’écrie Le Serpent belge, c’est peut-être mon record ! ».<br />Le poisson arrive près du bateau, il est pris par la mâchoire inférieure par les deux pêcheurs puis hissé à bord. Un rapide coup de mètre ; un peu plus de deux mètres dix. Ils retournent vers le camping, heureux et fiers du superbe poisson. Arrivés, ils l’encordent (technique qui consiste à passer une corde par l’ouïe du poisson afin de l’attacher) et le remettent à l’eau, solidement tenu au bout de trois mètres de corde, à l’ombre d’un grand figuier afin qu’il récupère de cette rude bagarre. Deux heures plus tard, après avoir rameuté tous ceux qui s’était dispersés, ils pouvaient enfin savourer le bonheur de cette capture en lui faisant une séance photo que n’aurait pas désavouée Adriana Karembeu ou Naomie Campbell… Sauf qu’elles, après, on ne les remet pas dans l’eau… <br />Le petit groupe le porta alors doucement, presque religieusement, au bord de ce Petit Rhône où il était né et le remirent enfin dans son élément naturel, avec quand même, encore une bonne centaine de photographies… Il partit doucement, peut-être les remerciant de ne pas avoir pris sa vie…<br /><br />Le reste du séjour fut comme le début, quelques petits poissons, quelques espoirs déçus… Mais finalement, n’avaient ils pas tous été récompensés par cette capture et les inévitables souvenirs communs ; par ces liens qui, peu à peu, s’étaient tissés entre eux. Ne serait-ce point cela l’amitié ? Le pêcheur est, bien souvent, solitaire mais là, ils ne se connaissaient pas en arrivant et pourtant, pourtant, c’est sûr, ils n’oublieront pas, même s’ils prennent d’autres poissons plus gros encore, ce silure, ces jours heureux, cette ambiance de partage et d’espoirs communs.<br /><br />Je suis sûr qu’en partant, en rentrant vers le travail, les ennuis quotidiens, dans leur voiture au milieu des embouteillages du 1er mai, ils avaient tous en tête la même chanson de Georges Brassens…<br /><br />« Non, ce n’était pas le radeau de la Méduse, ce bateau,………. Les copains d’abord »<br /><br /><br /><br /><br /><br /><br /><br />Un grand pardon à ceux que je n’ai pas cité dans cette petite histoire ainsi qu’à ceux que j’ai décrit et dont j’ai pu blesser l’amour propre.Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-89259735732333528712007-05-07T12:25:00.000-07:002007-05-07T12:26:56.429-07:00Oxygène (ou l'histoire d'un petit poisson)Je suis né dans le ruisseau<br />Là, pas très loin du pont<br />Près des herbiers en aval des bateaux<br />De l’amour frénétique de deux poissons<br /><br />Je n’ai connu ni père ni mère<br />Mais les autres de ma fratrie<br />Quand nous chassions les éphémères<br />Etaient tous mes amis<br /><br />Il suffisait de se méfier<br />Des perches en bande<br />Et du solitaire brochet<br />Pour n’être point à l’amende<br /><br />Mais là, je ne comprends plus<br />Qu’est ce qui m’arrive<br />Je suis comme en berlue<br />Qu’est qui m’arrime<br /><br />J’avais faim et j’ai mal<br />Je lutte, me débat<br />Rien n’y fait, c’est pas banal<br />On me tire, m’abat<br /><br />Quel est ce monde, cet équivoque<br />Où je ne trouve plus mon oxygène<br />Qui fait que je succombe, suffoque<br />Où, pourtant, je n’ai pas de gêne<br /><br />Quel est ce être étrange<br />Qui m’attrape, me saisi<br />Serait-ce un ange<br />Suis je au paradis<br /><br />Je tombe, chute<br />N’y a-t-il pas d’eau ici ?<br />Sur un fond dur je bute<br />Sur des cailloux je péri<br /><br />Adieu, je ne sauterai plus le soir<br />Pour m’amuser, comme çà<br />Pour épater les copains ou les émouvoir<br />Adieu je m’en vais et déjà ne suis plus là…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-17444822819893743732007-05-04T10:10:00.000-07:002008-12-09T11:41:54.083-08:00<div align="center"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJbS4jO_YV30ros3_M0w5Be7nzEs2Su-GxDmPTB91IqE6GOM8ntEz6LAO640yTnhuVbqBCog9YupmYXACU2FXkOVbmbPdxtS2TJx9BnX1qd_lB-SIaRCtqfPCKqASXBShg7GjhgxR06KY/s1600-h/DSCN1754.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5060754406746319490" style="DISPLAY: block; MARGIN: 0px auto 10px; CURSOR: hand; TEXT-ALIGN: center" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhJbS4jO_YV30ros3_M0w5Be7nzEs2Su-GxDmPTB91IqE6GOM8ntEz6LAO640yTnhuVbqBCog9YupmYXACU2FXkOVbmbPdxtS2TJx9BnX1qd_lB-SIaRCtqfPCKqASXBShg7GjhgxR06KY/s400/DSCN1754.JPG" border="0" /></a> Un joli silure pris avec mon fils le lendemain de Noël 2006<br /><br /></div>Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-24128037261664025522007-05-03T14:05:00.000-07:002008-12-09T11:41:54.214-08:00<div align="center"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbvU0KOnP3QK_k1qv9wzn_3kSCdkztY6ScHD0QAQx_XasrWzWrXtDLCjjUoKU_gmv4gi_cyeT0fhCQzNji0xV0iwDe6R23JfRoI32Jpvmp3-YIu6OQjp8pfXXLj2uqc98tL2yZYCMJaZA/s1600-h/DSCF0015.JPG"><img id="BLOGGER_PHOTO_ID_5060444228503169650" style="DISPLAY: block; MARGIN: 0px auto 10px; CURSOR: hand; TEXT-ALIGN: center" alt="" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgbvU0KOnP3QK_k1qv9wzn_3kSCdkztY6ScHD0QAQx_XasrWzWrXtDLCjjUoKU_gmv4gi_cyeT0fhCQzNji0xV0iwDe6R23JfRoI32Jpvmp3-YIu6OQjp8pfXXLj2uqc98tL2yZYCMJaZA/s320/DSCF0015.JPG" border="0" /></a> Le lac de Saint Cassien en hiver<br /><br /></div>Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-85709287970907043312007-05-03T13:16:00.001-07:002007-05-03T13:16:47.006-07:00Le silure du rougeaudSamedi, 6h du matin, j’arrive au débarcadère. Manu est déjà là, visiblement pas depuis longtemps, il enlève à peine les sangles de maintien du bateau sur la remorque.<br />« -Salut Manu !<br />-Salut Julien, ça va ?<br />-Ouais, tu as pensé à la réserve d’essence pour le bateau ?<br />-Oui et toi, tu as pas oublié les vers, j’espère ?<br />-Non ça va j’ai tout, allez dépêchons nous sinon le jour se lèvera avant que nous soyons sur l’eau. »<br /><br />Le bateau glisse sur les rouleaux de la remorque et se retrouve rapidement attaché au bord. Les cannes dans les portes cannes, les vers et les encornets à portée de main et le blanc dans la glacière, tout est embarqué et rangé dans les coffres.<br /><br />Enfin le moteur ronronne, nous enfilons les gilets de sécurité, je détache l’amarre et c’est parti. La lune est encore là, elle nous indique le chemin en se reflétant dans la rivière. Tant mieux, je n’ai pas trop l’habitude de naviguer de nuit, je préfère y voir un peu… Nous avons choisi d’aller explorer les fosses que j’ai repérées l’an dernier en pêchant le sandre au manié. Seul inconvénient, nous devons remonter le Rhône sur presque cinq kilomètres avant d’être à pied d’œuvre ; le temps presse si nous voulons attaquer au lever du jour.<br /><br />Brrr, le vent de la vitesse me rafraîchi brusquement, je m’assieds pour m’en abriter un peu ; il y en a pour un gros quart d’heure.<br /><br />Les étoiles clignent de l’oeil en nous voyant arriver et s’évanouissent peu après ; il fera beau. Cette petite maxime m’a déjà valu quelques saucées sans imperméable mais j’y crois toujours, je suis toujours de bonne humeur quand j’arrive à la pêche. Il n’y a qu’au .moment de partir que je suis moins heureux, car c’est çà la pêche, jouer avec des fils, des bouchons ou des cuillères pour essayer d’attraper un petit bout de bonheur qui s’appelle brochet, truite, carpe ou, plus simplement, gardon. Chaque poisson est un plaisir, une évasion sans cesse renouvelée. Mais aujourd’hui nous avons décidé de nous mesurer aux silures rhodaniens, j’espère que ce sera des GROS, ENORMES bouts de bonheur. On va dépasser les deux mètres aujourd’hui, il fait beau, le niveau d’eau est stable et un peu haut ; et si on en prenait deux de deux mètres, et puis après tout pourquoi pas trois ?<br /><br />« -Oh Julien, tu rêves ? Et si tu préparais les cannes, ça serait mieux que de rêvasser ! »<br />Je remets les pieds sur terre, ou plutôt sur le bateau. Merde, c’est vrai, on va arriver avant que tout soit prêt. Bouge toi Juju. J’emboîte les deux brins de ma fil intérieur, tire sur l’émerillon baril qui empêche le fil de rentrer à l’intérieur sinon, galère pour le repasser dedans. Quel montage vais je prendre ? Je vais essayer celui que j’ai préparé d’après un post sur le forum du Silurus Glanis Team. Je le fixe sur l’émerillon. Les encornets ne sont pas tout à fait décongelés, moi qui avait déjà froid aux doigts… Il faut pourtant les découper en lanières et les fixer sur le triple. Je prends les vers canadiens et en fixe un sur chaque branche du 4/0 par-dessus les calmars. Je prends ensuite la nouvelle canne de Manu et lui réserve le même sort. J’ai à peine le temps de finir que déjà le pont nous servant de repère pour trouver les fosses se profile à la sortie d’une courbe.<br />« -On arrive, tu es prêt ?<br />-Ca y est, ta canne est prête aussi.<br />-Cool, j’espère que tu as soigné les nœuds ?<br />-Non, j’ai fait des nœuds qui glissent à la première traction… Mais oui, je les ai soigné mes Palomar. Le premier creux est là, 200 mètres en amont du pont, face à ces grands aulnes, passes sur la gauche et tournes plus haut.<br />-Oui capitaine ! »<br /><br />Ca y est, nous y sommes. Là, le sondeur indique cinq mètres, nous entamons la dérive. Le deux lignes sont à l’eau, les gants protégeant les mains sont mis, ne manquent que les poissons. Nous ne clonckons pas ; il est trop tôt. Nous ne tenons pas à réveiller tout le quartier et avoir des problèmes après, déjà que certains nous reprochent de remettre nos poissons à l’eau…<br /><br />Le fond plonge, six, sept, huit mètres, nous observons les traits figurant nos montages sur le sondeur. Je reste à quatre mètres tandis que Manu « colle » au fond. Un écho à cinq mètre ! Il monte, vient sur mon appât ; merde, pourquoi ne prend il pas ? YES, la touche ! La tresse me glisse entre les doigts, heureusement que j’ai le gant, il me protège de la douloureuse coupure.<br />« -Manu ! Touche !<br />-OK, j’y suis ! »<br />Il prend ma canne, rattrape rapidement le mou dans fil et me la donne. Je prends contact. Quelques coups de tête, il n’est pas très gros. Tant pis, premier passage, premier poisson, la journée s’annonce bien.<br />Petit combat, il mesure à peine plus de quatre vingt centimètres. Petite photo et à l’eau.<br />« -Vas grossir et reviens nous voir dans cinq ans. »<br />La joie et la motivation sont là, il ne reste plus qu’à s’appliquer pour bien pêcher.<br />Nous sommes sorti de la première fosse et continuons à dériver en nous guidant doucement au moteur électrique. Pas de bruits, nos copains ont l’ouie (c’est le cas de le dire) fine ; le moindre choc au fond du bateau, les ciseaux qui tombent, une boîte qui se renverse et on peut changer de poste… ou attendre un bon moment que tout se calme.<br /><br />La matinée s’écoule doucement, deux autres poissons échouent dans le bateau. Pas de gros, le plus long mesure péniblement un mètre vingt mais il fait beau, deux copains rient en voyant le héron, surpris, s’envoler en criant, s’enthousiasment de la vitesse de l’éclair bleu turquoise du martin pêcheur et vont bientôt goûter les spécialités charcutières prévues pour le repas de midi…<br /><br />Nous avons décidé d’ancrer juste en aval du pont et de caler une canne chacun au vif pendant que nous mangeons. Chose dite, chose faite ; les lignes sont tendues aux bouées que nous avons posées, l’apéro peut commencer.<br />Plop ! fait la bouteille de muscadet.<br />« -A nous, à nos parties de pêche… et un peu à nos femmes… » dit Manu en trinquant.<br />Le casse croûte nous restaure quelque peu ; depuis cinq heures du matin, le petit déjeuner était loin. Le vin est frais à souhait, comme une cuisse de jouvencelle diraient certains. Il nous désaltère. Le soleil est là et il commence à chauffer pas mal. La plus grande fortune du monde ne me servirait à rien aujourd’hui, je suis bien, c’est tout.<br /><br />Un bruit de petit hors-bord nous sort de la léthargie bienfaitrice dans laquelle nous plongions doucement.<br /><br />Un petit bateau blanc vient vers nous.<br />« -Où il va celui-là, il va quand même pas venir pêcher là ? » me dit Manu.<br />« -Et bien oui, j’en ai bien peur »<br /><br />Un gros bonhomme rougeaud est au moteur, il ralentit en voyant que nous sommes installés à poste fixe.<br />« -Salut les p’tits gars, ça mord ?<br />-Pas beaucoup, des petits.<br />-Z’êtes au silure ?<br />-Ouais.<br />-Faites voir vos poissons.<br />-On les a remis à l’eau.<br />-Putain, y faut pas ! C’est bon le silure ! Et puis en plus, quand ça grossit ça bouffe tout, cette saleté.<br />-C’est vrai que c’est pas mauvais, j’en ai mangé une fois mais on préfère les remettre à l’eau.<br />-Moi, si vous les voulez pas, vous pouvez me les donner, je les mange !<br />-Désolé mais on préfère les rejeter…<br />-Dommage, au prix du permis, faut amortir… Vous restez là encore longtemps ou vous pêchez en dérive ? Non, c’est pas que je veux vous pousser mais je pêche là depuis trente ans alors si vous comptez pas rester, ça m’arrange…<br />-Il est gonflé le pépé » me glisse Manu.<br />« -Allez, on s’en va, sinon il va nous gâcher l’après midi. »<br />M’adressant à l’autre pêcheur : « Non, on allait partir, on vous laisse le poste. »<br /><br />Nous ramenons les lignes, récupérons les bouées, reprenons les cannes à fil intérieur et remontons au dessus du pont pour refaire la dérive du matin.<br />Sitôt installé à notre place, le pêcheur lance ses cannes. Il pêche au vif, sans doute au brochet car même de loin on distingue ses bas de ligne d’acier…<br />Notre dérive semble moins fructueuse que le matin. Les poissons font la sieste. Ils ont bien raison, c’est probablement ce que nous ferions si ce §§§§§§§§§§§§§§ (censuré) n’était pas venu.<br />Une demie heure s’est écoulée lorsque nous arrivons, les yeux rivés sur le sondeur, à sa hauteur.<br />« -Hé, les p’tits gars, faites attention, vous approchez pas, j’en ai un gros !!! »<br />Relevant la tête, nous voyons le zigoto arc-bouté sur une canne démesurée avec un moulinet qui pourrait servir de treuil pour tirer une voiture.<br />« -Put…, si ça casse, ça va faire mal » dis je à Manu.<br />A peine ai je terminé ; CLAC !!! La canne mamouthesque revient comme un ressort et frappe le gros bonhomme en plein front, il part en arrière, se prend les pieds dans le matériel au fond du bateau et tombe en arrière. Nous entendons un énorme CRRAAACCC.<br />« -Hé, monsieur, ça va ? »<br />Pas de réponse.<br />« -Il faut aller voir »<br />Nous nous approchons et commençons à entendre un grommellement sourd puis voyons émerger une tête. Le fond du bateau est jonché de débris de cannes, il en a écrasé au moins trois et un espèce de petit tabouret, sa caisse de matériel est renversé et à moitié écrasée. Il se relève difficilement en râlant.<br />« -Ca va, monsieur ?<br />-Ouais, ça va, occupez vous de vos affaires.<br />-OK, excusez nous »<br />Une énorme bosse rouge et bientôt violette est en train de sortir au milieu de son front, nous pouffons et nous retenons d’éclater de rire.<br />« -Allez, on se fait une dernière dérive et on descend, OK manu ?<br />-C’est parti ! »<br /> Nouveau passage sur les fosses, nouvel échec.<br />« -Le dernier creux du coin est juste en aval du pont, on le fait et on descend vers le débarcadère.<br />-Tiens, on dirait un petit gratouillis… »<br />Tout à coup, le bras de Manu part en arrière, tiré par la tresse qui zippe dans le gant.<br />« -J’en ai un ! »<br />Je prends sa canne, récupère le mou.<br />« -C’est bon, lâches ! »<br />J’ai juste le temps de sentir un coup lourd, sourd dans la canne avant de la lui donner. Il prend contact, la canne plie, le frein du moulinet chante en lâchant du fil.<br />« -Il est gros !<br />« -Je m’en serais douté ! A voir ta canne et ta tête ! »<br />Une belle bagarre s’ensuit, il ne veut pas monter et sonde plusieurs fois puis, après quelques minutes, le silure dégaze enfin. On voit les grosses bulles annonçant sa prochaine rédition qui montent. Ca y est, il est là. Il mesure sûrement plus de deux mètres. Je le saisi des deux mains par la mâchoire inférieure et le fait glisser avec peine contre le bord du bateau pour le basculer à l’intérieur.<br />« -Je crois que c’est mon record ! » crie Manu<br />Je prends la pince pour enlever le triple, le décroche puis vois quelques chose de l’autre côté de la bouche du poisson. Un énorme hameçon simple.<br />Me tournant vers l’autre pêcheur qui est en train de plier ce qu’il lui reste de matériel : « -Vous pêchez avec des simples de quelle taille ?<br />-Je sais pas, c’est des hameçons à requin qu’on m’a donné. Vous en avez attrapé un ? J’ai pas vu.<br />-Non c’est rien, juste un petit, au revoir.<br />-Au revoir »<br /><br />Nous laissons le courant nous pousser et accostons un peu plus loin, à l’abri des regards. Dépliant le tapis de réception pour ne pas l’abîmer, Manu jubile « -Ca aurait été dommage qu’il finisse en filet ou en darne, tu crois pas ? »<br />Je le regarde avec un sourire et lui fait un clin d’œil. Pas besoin de grands discours…<br /><br /><br />Mercredi, 20 heures, j’arrive enfin chez moi et regarde mes e-mails. Un message de Manu : « En souvenir de cette mémorable journée. » J’ouvre les fichiers joints : les photos des petits silures. Puis toute une série du 2,25m de Manu. Quel beau poisson… Qu’aurait fait le rougeaud s’il l’avait capturé ? Probablement tué ; mais pour quoi faire ? Il n’aurait quand même pas pu manger toute cette viande, ou alors il aurait rempli d’un seul coup son congélateur. Garder un poisson de temps en temps pour le manger, c’est normal mais des poissons trophées comme celui-ci…<br />Peut être le reprendrons nous un jour, quand il aura encore grossi, quel bonheur ce serait…Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-70407812951379699032007-05-03T13:14:00.000-07:002007-05-03T13:15:12.360-07:00ProvençaleTes colères sont celles de la Durance<br />Tu es dure comme les cailloux de La Crau<br />Ton chant ressemble à celui de la garrigue<br />Et ta voie suit celle du Verdon<br /><br />Je t’ai trouvé en rive de la première<br />T’ai aimé au soleil de la deuxième<br />Puis perdu dans les senteurs de l’autre<br />Te retrouverai-je dans les gorges<br /><br />Dans les Alpes tes rires résonnent<br />Aussi joyeux que sur les plages<br />Où débarquèrent ces maures<br />Qui donnèrent leur nom à nos collines<br /><br />Je te dédierai ma vie dans les premières<br />Te rendrai grâce sur les deuxièmes<br />Et reconnaîtrai tes racines venant des autres<br />En sillonnant les dernières pour te retrouver<br /><br />Je deviendrai félibre, troubadour<br />Pour déclamer toujours plus haut<br />Ce sentiment au fond de moi, l’amour<br />Quand, toujours plus fort, tu cries bravo<br /><br />Je serai hérétique, cathare<br />Pour toujours t’apprivoiser, te capturer<br />Afin de mieux être<br />Moi aussi, ton prisonnier<br /><br /><br />12 mai 06Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-43598495276773527862007-05-03T13:13:00.000-07:002007-05-03T13:14:19.255-07:00Même si j’en crèveIl pleut, il tonne<br />Et je suis là depuis des plombes<br />Pourquoi, pour qui, pour toi<br />Parce que c’est toi<br />Parce que c’est moi<br />Parce que je t’aime et toi je ne sais plus<br />Parce que sans toi je ne suis plus<br /><br />Enfin te voilà, enfin c’est toi<br />Tu es belle, comme toujours<br />Tu es belle car tu es mon amour<br />Ton blouson et tes cheveux trempés<br />Font de la buée dans la chaleur du café<br />Tu resplendis, comme auréolée<br />Nimbée de lumière et de fumée<br /><br />Une excuse, un sourire<br />Tes mains dans les miennes<br />Un malentendu vite dissipé<br />Me revoilà, je revis, je reluis<br />Je cours sur les nuages, je suis anobli<br />Je me bats contre des géants<br />Pour être ton chevalier servant<br /><br />Je veux être Samson et toi Dalila<br />Pour ne plus être en célibat<br />Je veux être Ulysse et toi Pénélope<br />Toi une planète, moi un isotope<br />Je veux t’être pour la vie inféodé<br />Et te chanter la longue mélopée<br />Du lion pour la lionne, du loup pour la louve<br /><br />Même si j’en crève, même si j’en peux plus<br />Toute ma vie je veux me rappeler cette minute<br />Me souvenir de toi et de cette pluie<br />Ne jamais oublier ce moment béni<br />Qu’il illumine le soir de ma vie<br />Quand je serais un vieillard<br />Quand je n’aurais plus de mémoire<br />Pourvu qu’il me reste ton image<br /><br /><br />22 février 2006Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-65605883018122082462007-05-03T13:12:00.002-07:002007-05-03T13:13:23.513-07:00L’incendieUne voiture brûle<br />Un jeune sort de l’école<br />Des pompiers sont caillassés<br />L’ingénieur s’ennuie et éteint sa console<br /><br />Quel est ce pays<br />Je suis bien né ici<br />Mes parents l’ont choisi<br />Mon père s’est battu pour lui<br />Pourquoi ne veut-on pas de moi<br />Pourquoi n’ai-je pas d’emploi<br />Ainsi parlait-il le soir<br />Seul avec son désespoir<br /><br />Ai-je usé les bancs de l’école<br />Pour laver des bagnoles<br />Ce serait plus rigolo de les brûler<br />De tout faire péter avant de m’en aller<br /><br />C’est une révolte, un dégoût<br />Un tumulte, un fracas, une voix<br />Ou une petite chance, un atout<br />Si on veut bien l’écouter cette fois<br /><br />Encore combien d’incendies<br />De mépris, de sursis et d’anarchie<br />De matraquages et d’errements<br />De noir et de rouge sang<br /><br />Comment en est on arrivé là<br />Quel politicien est responsable<br />Quel technocrate ou peut-être quel prélat<br />Est-ce la faute d’un homme ou d’un gouvernement<br />Est-ce une économie ou une diplomatie<br />France n’oublies pas une partie de tes fils<br />Ils risqueraient de se rappeler à toi<br />D’une façon que tu n’aimeras pas<br /><br />C’est une révolte, un dégoût<br />Un tumulte, un fracas, une voix<br />Ou une petite chance, un atout<br />Si on veut bien l’écouter cette fois<br /><br /><br />20 février 2006Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-67845121490791364842007-05-03T13:12:00.001-07:002007-05-03T13:12:41.269-07:00AilleursJe voudrais partir voir le monde<br />Chasser avec les aborigènes<br />Explorer les grottes profondes<br />Saisir où sont parties les sirènes<br />Voler sur la mappemonde<br />Sentir comment peindre la Cène<br />Savoir pourquoi la lune est ronde<br />Et quand dans les cieux seront les baleines<br /><br />J’aime le vent, les grands espaces<br />Je préfère être sur une terrasse<br />Plutôt qu’au fond d’une crevasse<br />Je n’attendrai pas que le temps passe<br />Jamais ne ferai volte face<br /><br />Je veux partir loin<br />Brûler mon visage au soleil<br />Ou, au pôle nord, geler mes orteils<br />Marcher tout seul, sans témoin<br />De personne je n’ai besoin<br />De rien, pas même un conseil<br />Pas d’appareil, encore moins de réveil<br />Vivre libre, coucher dans les foins<br /><br />Je veux sentir le vent dans mes cheveux<br />Courir les grands espaces<br />Vivre comme un bienheureux<br />Tailler des bifaces<br />Tourner avec les derviches mystérieux<br />Et écouter leur chant fugace<br />Je ne recherche pas de prétexte fallacieux<br />Mais peut-être faudra-t-il que le temps passe<br />Pour oublier que, de toi, j’étais amoureux<br /><br /><br /><br />10 août 2006Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-37324658887799248102007-05-03T13:11:00.001-07:002007-05-03T13:11:47.371-07:00Réussir sa vieAu-delà des montagnes<br />Des fleuves et des forêts<br />Par delà mon imagination<br />Je continuerais ma route<br />J’y mettrais mes forces, ma vie<br />Je continuerais vers ce qui me rend heureux<br /><br />Les copains, l’aventure et l’amour<br />Voilà ma trilogie<br />Voici mon credo<br /><br />S’il faut passer ma vie<br />Pour atteindre ce nirvana<br />S’il faut laisser ma peau<br />Pour aller jusque là<br />Au détriment du reste<br />Je n’hésiterais pas<br /><br />Que demander de plus que ce triptyque<br /><br />De l’argent, pour quoi faire ?<br />Acheter des copains ?<br />Non surtout pas<br />De ceux là je ne veux pas<br /><br />Une position sociale influente<br />A quoi bon, quelle utilité ?<br />Les « bonnes relations »<br />Le seront-elles quand j’aurais besoin d’elles<br /><br />Quand à l’aventure<br />Chacun la trouvera<br />Là où il souhaite la trouver<br />Elever ses enfants peut être une aventure<br />Aussi difficile qu’une grande ascension<br />Ou une expédition dans le Verdon<br /><br />Réussir sa vie ne se mesure pas en euros,<br />Position sociale ou influence<br />Mais bel et bien en joie de vivre, amour et amitié<br />Alors quand vous me croiserez<br />Ne me demandez pas combien je gagne<br />Mais plutôt où sont mes copains<br /><br /><br />20 avril 2006Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-64645234474372744112007-05-03T13:10:00.001-07:002007-05-03T13:10:59.162-07:00Vous avez dit ?Vous avez dit épicurien ?<br /><br />La première gorgée de bière,<br />La beauté d’un soleil couchant,<br />Le bonheur simple d’être ensemble<br />Voilà mon dieu,<br />Ce n’est peut-être pas le tien<br />Mais il le vaut bien<br /><br />Vous avez dit cartésien ?<br /><br />Le bisou mouillé d’un enfant<br />Ta main qui effleure la mienne<br />La promesse d’une soirée coquine<br />Voilà mon dieu,<br />Ce n’est peut-être pas le tien<br />Mais il le vaut bien<br /><br />Vous avez dit parnassien ?<br /><br />Les rires des copains autour du feu<br />Une bouteille de vin qui nous rend joyeux<br />Le ciel étoilé d’une nuit d’été<br />Voilà mon dieu,<br />Ce n’est peut-être pas le tien<br />Mais il le vaut bien<br /><br />Je ne suis ni épicurien, ni cartésien, ni parnassien<br />Ou peut-être tous les trois à la fois<br />Je crois juste en ce qui me rend heureux<br />Et qui me fait croire que nous vivrons mieux<br /><br />Je ne crois pas en tous cas<br />A tous vos dieux belliqueux<br />Et à leurs farouches croyants.<br /><br />Intégristes et fanatiques de tous bords<br />Je vous hais profondément.<br /><br /><br />Octobre 2004Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-13912206632241518482007-05-03T13:09:00.001-07:002007-05-03T13:09:49.340-07:00Un peu…Une jupe fendue, un balconnet pigeonnant<br />Une chemise ouverte sur un torse affriolant<br />Un frou-frou de dentelles pour un zeste de séduction<br />Une main musclée qui avance sans appréhension<br /><br />La magie de l’instant est née<br />Premier frisson d’un baiser bien placé,<br />Les mains qui frôlent ces corps convoités<br />Premières caresses sans ambiguïtés<br /><br />Le lit nous accueille sans ménagement<br />Ton balconnet craque sous mes dents<br />Le jean ne gêne plus mes affermissements<br />Les gestes se font plus précisément<br /><br />Ma langue malicieuse se glisse<br />Dans tes secrets interstices<br />Ta bouche charnue me gobe<br />Voire même m’englobe<br /><br />Puis vient la folle étreinte<br />La chevauchée tant et tant dépeinte<br />Les épreuves du Kama-Sutra<br />Augmentent encore l’envie de toi<br /><br />Tous tes mouvements<br />Augmentent mon affolement<br />Mes allées et venues<br />Electrisent ton corps nu<br /><br />Et arrive la sublime explosion<br />Comme un Vésuve, l’éruption<br />Tes ongles me déchirent la peau<br />Je suis raidi, presque pâlot<br /><br />L’alanguissement nous gagne peu à peu<br />Continuerons nous ainsi avant d’être vieux ?<br />Peut-être, si je te taquine un peu…<br />Tu te tournes, me caresses et me demande encore un peu…<br /><br /><br />Novembre 2004Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-57933741831575450312007-05-03T13:08:00.000-07:002007-05-03T13:09:05.589-07:00Tant pisMa fiancé vient de se barrer<br />Mon meilleur ami est parti avec elle<br />J’ai pas rigolé quand il ont démarré<br />Comme s’en iraient des hirondelles<br /><br />Mektoub, akuna matata ou tant pis<br />Après tout, des amis et des fiancées<br />Y en aura d’autres et sans répit<br />J’irai toujours où ça sera corsé<br /><br />Ma vieille guimbarde me lâche<br />On avait pourtant fait des bornes<br />Tous les deux ensemble et sans relâche<br />Elle me menait à la flagorne<br /><br />Mektoub, akuna matata ou tant pis<br />Après tout, des guimbardes et des bornes<br />Y en aura d’autres et sans répit<br />J’irai toujours où ça chicorne<br /><br />L’inspecteur des impôts m’a dit<br />Vous devez vous acquitter<br />Même si le banquier vous fait plus crédit<br />N’oubliez pas votre comptabilité<br /><br />Mektoub, akuna matata ou tant pis<br />Après tout, des impôts et des crédits<br />Y en aura d’autres et sans répit<br />J’irai toujours où on médit<br /><br />J’irai encore où on déblatère<br />On vitupère et on apostrophe<br />Et au diable les faux-frères,<br />Les fiancées et les anicroches<br />Laissez moi vivre en célibataire<br />Même si je suis pas sans reproches<br />Car ma vie je vais pas la taire<br />Pour que vous fassiez des approches.<br /><br /><br />Avril 2005Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-5750477213260026438.post-6570540094240820142007-05-03T13:07:00.000-07:002007-05-03T13:08:10.236-07:00Si tu…Si tu étais la terre,<br />Je serais le vent pour te caresser<br />Si tu étais le feu,<br />Je serais une étincelle pour te créer<br /><br />Hier, Ray Charles chantait « Georgia on my mind »<br />J’aurais voulu que tu restes la vie entière<br />Nous étions seuls au monde<br />Nous voulions faire un monde meilleur,<br />Plein d ‘enfants, d’amis et de liberté<br /><br />La vie nous a rattrapé<br />Elle court plus vite que nous<br />Tu t ‘es trop vite rhabillée<br />A eu peur de la corde au cou<br />Pris tes clics et m’a donné une claque<br /><br />Si tu étais la terre,<br />Je serais le vent pour te caresser<br />Si tu étais le feu,<br />Je serais une étincelle pour te créer<br /><br />Aujourd’hui je suis là<br />Je me traîne et me démène<br />Là devant chez toi<br />Rien n’y fait, tu ne m’emmènes<br />Je veux aller ou tu vas<br /><br />Peut-être dois-je y aller avant toi<br />Vers ce monde meilleur<br />Un monde où je serais roi<br />Un autre monde ailleurs<br />Où nous serons, toi reine et moi roi<br /><br />Si tu étais la terre,<br />Je serais le vent pour te caresser<br />Si tu étais le feu,<br />Je serais une étincelle pour te créer<br /><br />J’y vais, je vais tout préparer<br />Où le soleil est toujours au zénith<br />Où les enfants sont toujours à chanter<br />Pour que la terre soit guérie<br />Pour que tu sois enfin enamourée<br /><br /><br />Un peu de Prozac, un peu de gin<br />Un peu d’aspirine, un peu de whisky<br />Je suis le vent, une étincelle<br />Je suis une vie éternelle<br />Je suis l’amour qui te recevra<br />Et l’infini dans lequel tu te perdras<br /><br /><br />Février 2005Joss83http://www.blogger.com/profile/09238693853817252141noreply@blogger.com0