dimanche 27 mai 2007

La légende des cinq tribus

Etant récemment en vacances dans le centre de la France, j’ai croisé la route d’un personnage un peu bizarre qui m’a conté une vieille légende bourguignonne. Je m’en vais vous la raconter ici.

Vers le milieu du premier siècle, une étrange réunion eu lieu dans une petite bourgade des environs de Catalaunum, l’actuelle Chalon sur Saône. Cinq tribus y aurait participé : Les Glanix, organisateurs de la rencontre par l’intermédiaire de Eupevix et Nellysia, son épouse, les Rhôdanos, les Carnavenix, les Ecolocarpex, qui se reconnaissaient aisément par leur cri de ralliement (BBOOOOUUUUHHHHH) et les Catfix, qui venaient de la Gaule Belgique. Ces tribus avaient la particularité de n’être rassemblées que très rarement et, de plus, partiellement. On ignore encore comment ils faisaient pour communiquer et se réunir. Certains disent qu’ils avaient un système de communication relativement évolué pour leur époque qui avait été mis au point et entretenu par un sorcier nommé Markkusox mais les chercheurs n’ont pas encore réussi à élucider ce mystère ni à décrypter les quelques messages qui nous sont parvenus. Ceux-ci parlent pêle-mêle de bouées, de calamars et de tridents. A croire que la région de Chalon était baignée par l’océan à l’époque…

Ces tribus étaient représentées par leur chef et quelques uns de leurs membres. Etaient présents Vellax, chef des Glanix, accompagné de Tanzillix, leur grand prêtre, Charlix, chef des Rhôdanos, Rochus pour les Catfix et, pour les Ecolocarpex, Manux, dont on ne sait s’il s’agit d’un ou deux personnages, deux orthographes différentes Manux G et GothManux laissent planer le doute. Seuls le chef des Carnavenix était absent ; ils étaient représentés, entre autres, par deux frères, Lilbobus et Filoux.

Ils s’étaient réunis pour la cérémonie annuelle du culte de Silurus, leur icône, leur fétiche que l’infâme préfet romain Bobus, qui officiait dans la région de Vagoritum (ville aujourd’hui détruite des environs de Laval), faisant pression auprès des administrations de Lutèce et, peut être, de Rome, voulait exterminer. Il faut rappeler ici que le symbole des premier chrétiens était un poisson ; sans doute voulait il combattre ceux-ci ?
Un autre infâme rodait dans les environs, un nommé Jansos. On ignore encore pourquoi, mais il avait tout fait pour que les autorités romaines interdisent ce rassemblement. Il était allé plaider cette cause auprès des légionnaires du camp romain le plus proche, Gendarmarium, sans succès, puis du chef du village où cela devait se faire. Celui-ci, un peu « frileux », peut être, ou apeuré par les menaces de Jansos, n’apporta qu’un soutien très modéré à cette réunion ; sans doute craignait il des débordements, mais les cinq tribus étaient visiblement constituées de gens aimant la vie, leur poisson et leurs congénères et ne créèrent aucun problème au gardien des terres où ils avaient installé leurs tentes.
Aucun lien entre Jansos et le préfet Bobus n’a pu être mis en évidence, pour l’instant, mais certains chercheurs pensent que le premier aurait été au service du second. Nous l’ignorons encore à notre époque…

Leur culte était relativement simple : ils essayaient de capturer leur fétiche, ce fameux Silurus, puis après une petite cérémonie appelée Nokhilus au cours de laquelle son portrait était gravé sur des petites tablettes en pierre (Nicéphore Niepce n’avait pas encore inventé la photographie), ils le remettaient à l’eau en le priant de revenir plus grand et plus fort l’année suivante. Cela préfigure un peu une mode en vogue auprès des pêcheurs à la mouche anglais du début du XXème siècle, le No kill et qui, par la suite, s’est répandue auprès d’autres disciples de Saint Pierre.

Tous ces officiants étaient obligés de rentrer au campement le soir car, allez savoir pourquoi, les lois romaines leur interdisaient de célébrer leur culte la nuit, chose dont rêvait la plupart et que réfutait Charlix, chef des Rhodanos. Il y eut d’ailleurs une discussion passionnée entre lui et Eupévix, qui était légaliste.

En dehors de ces cérémonies, leur quotidien était occupé par de longues palabres autour de festins constitués principalement de viandes cuites directement sur la braise et de nombreux tonneaux de vins de la région (la cervoise commençait à passer de mode). Un dénommé Micchelus, spécialiste des banquets à Lutèce, était venu spécialement pour leur apporter une grosse partie des victuailles et s’occupait à les rôtir pendant que les convives racontaient tous les détails des cérémonies qu’ils avaient pratiqué dans la journée.

Au total, près d’une centaine de Nokhilus ont été célébrés. On dit même qu’un dénommé Frispirix, membre de la tribu des Catfix, rendit grâce à un Silurus de près de 120 digitus (pouce romain), ce qui représente un peu plus de 2,2 mètres.

Finalement, après avoir célébré quatre jours durant le culte de Silurus, ils décidèrent de rentrer chez eux, qui vers l’Armorique, qui vers la Provinciae (l’actuelle Provence), d’autres en Belgique. Il parait qu’en se séparant, ils firent une prière commune afin de n’être plus pourchassés la nuit comme de vulgaires voleurs…




P.S. On m’informe qu’une réunion rappelant beaucoup celle-ci s’est déroulée dernièrement au confluent de la Saône et du Doubs…
Et si le culte de Silurus avait persisté et résisté au temps qui passe ?… Cela prouverait que l’infâme Bobus n’est pas parvenu à ses fins… et peut être qu’un jour, ils pourront pratiquer la nuit sans être traqués comme l’ont été, en leur temps, les adeptes d’un autre culte, le Carpix…

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