dimanche 13 mai 2007

Celui qui est venu

Je l’aimais bien, l’homme qui attendait des nouvelles
Il avait quitté son pays, ses racines et sa famille
Pour gagner sa vie et améliorer un peu celle des siens
Dans un nouveau pays, un peu meilleur, peut-être eldorado

Pionnier, il avait trimé ; humble, il se taisait
Tantôt mineur, tantôt maçon ou ferrailleur
Il rêvait, espérait en des jours meilleurs
Et, en attendant, travaillait sans relâche

Tous les jours il rêvait qu’il était avec ses enfants
Que sa femme et ses frères l’attendaient chez lui
Mais quand il rentrait le soir, il ne trouvait que son petit lit
Et seuls l’accueillaient le réchaud à gaz et les conserves

Peut-être un peu candide ou trop servile
Il disait toujours oui pour mieux être accepté
Par tous ces gens qui le toisaient
Et qui, pour rien au monde, n’auraient été ses amis

Qu’importe, il espérait que ce pays deviendrait le sien
Et celui où grandiraient ses enfants
Oui il seraient bien, ailleurs que dans cette cabane
Quand il aurait assez travaillé et économisé

Car un jour, il en est sûr, il accueillera sa femme
Et lui montrera la maison qu’il aura bâti
Pour vivre libre et en paix dans ce pays
Où vont se réaliser tous les espoirs de ses enfants

Quand il sera vieux, il racontera à ses petits enfants
Comment il est venu, seul et plein d’espoir
Se faire une petite place au soleil
Pour sa famille, pour qu’ils soient mieux

Je l’aimais bien, l’homme qui attendait des nouvelles
Il s’appelait Angelo, Piotr, Juan ou Mohammed
C’était mon grand père ou celui de beaucoup de français
De tous ceux qui font que j’aime ce pays qui est le mien.


24 Juillet 2005

1 commentaire:

filou a dit…

Merci ...bravo !

"Je l’aimais bien, l’homme qui attendait des nouvelles de son coté de la frontière .

Il avait choisi de s'en retourner la ou ses parents naquirent naguère .

Il s’appelait guiseppe et il y a peu il s'est eteint .

Merci a lui pour ce pays qui est le mien."

filou .